L’annonce, ce mercredi, d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, ouvrant la voie à une libération prochaine des otages détenus à Gaza, a fait naître des sentiments mitigés au sein de la population israélienne. Entre espoir d’un dénouement heureux et craintes persistantes, les réactions oscillent, à l’image d’un avenir encore incertain.
Un soulagement teinté d’inquiétude
Pour beaucoup d’Israéliens, cet accord représente une lueur d’espoir, la perspective tant attendue de voir leurs proches otages regagner enfin leur foyer. Ornit Barak, 59 ans, venue manifester à Tel-Aviv pour réclamer la fin du conflit, confie ainsi son état d’esprit :
D’un côté, bien sûr, je suis très heureuse, mais je suis aussi inquiète car je veux voir l’accord se poursuivre jusqu’à ce que le dernier otage soit de retour chez lui, dans son lit, qu’il soit vivant ou décédé.
Ornit Barak, manifestante à Tel-Aviv
Une joie inévitable donc, mais rapidement assombrie par la peur de voir le processus s’enrayer. « Nous sommes très inquiets qu’à un moment donné, pour une raison ou une autre, cela s’arrête et que nous repartions en guerre », explique-t-elle, reflétant l’appréhension de nombreux de ses concitoyens.
Le long chemin vers la libération des otages
L’accord prévoit dans un premier temps la libération de 33 otages, en commençant par les femmes et les enfants, en échange d’un millier de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Mais pour les proches des captifs, rien ne sera acquis tant qu’ils ne seront pas tous rentrés.
Pour nous, ce n’est que le début, nous les voulons tous ici. Ce n’est pas terminé, ce n’est pas suffisant si seulement certains d’entre eux reviennent.
Arnon Cohen, habitant du kibboutz Nahal Oz dont deux membres sont encore otages
Selon des sources militaires israéliennes, sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 94 seraient toujours détenues à Gaza, dont 34 auraient trouvé la mort durant leur captivité. Un bilan lourd qui rend le retour des survivants d’autant plus crucial aux yeux de leurs familles.
L’espoir malgré tout
Malgré les doutes et les peurs, l’espoir demeure le sentiment dominant chez les proches des otages. Comme Ifat Kalderon, cousine du franco-israélien Ofer Kalderon, qui avoue ressentir « des sentiments mitigés, d’un côté de la joie, mêlée à un stress horrible avant de savoir que ça va vraiment se passer ».
Je crois qu’Ofer est en vie et j’espère qu’il va revenir.
Ifat Kalderon, cousine d’un otage
Un espoir partagé par Tamar, enseignante de 38 ans à Jérusalem, convaincue qu’il faut « tout faire pour les ramener chez eux ». Quitte à payer le prix fort, comme la libération de nombreux prisonniers palestiniens en échange.
Le prix est très, très élevé, c’est vrai, mais il faut les ramener. La douleur est immense, je ne peux pas imaginer ce que les familles (des otages) traversent, et nous devons tout faire pour les ramener chez elles.
Tamar, habitante de Jérusalem
Alors que les négociations se poursuivent pour finaliser les détails de l’accord, c’est donc entre crainte et optimisme que les Israéliens observent l’évolution de la situation. Avec l’intime conviction que seul le retour de tous les otages à leur foyer pourra véritablement mettre un terme à ce douloureux épisode du conflit israélo-palestinien.