L’année 2024 restera dans les annales de l’Autorité de la concurrence. Selon une source proche du dossier, le gendarme de la concurrence a en effet infligé la bagatelle de 1,4 milliard d’euros de sanctions au cours des douze derniers mois, un montant huit fois supérieur à celui de 2023. Un record qui témoigne de la détermination sans faille de l’institution à traquer et punir les pratiques anticoncurrentielles.
Un large spectre de secteurs épinglés
Du gros électroménager aux télécoms en passant par l’agroalimentaire, aucun pan de l’économie n’a échappé à la vigilance de l’Autorité en 2024. Ententes sur les prix, abus de position dominante, obstacles à la libre concurrence… Les infractions sanctionnées sont diverses et variées mais ont toutes en commun de porter préjudice au consommateur en faussant le jeu du marché.
L’électroménager écope de la plus grosse amende
Parmi les sanctions les plus spectaculaires figure celle infligée en décembre à dix fabricants et deux distributeurs d’électroménager. Whirlpool, Electrolux, Boulanger ou encore Darty ont ainsi écopé d’une amende totale de 611 millions d’euros pour une entente sur les prix qui perdurait depuis le début des années 2000. Selon les informations récoltées par l’Autorité au cours de son enquête, ces géants du secteur s’entendaient lors de réunions secrètes pour s’accorder sur les hausses tarifaires, au détriment des consommateurs.
Coup de balai dans le matériel électrique
Quelques mois plus tôt, en octobre, c’est le secteur du matériel électrique qui a été épinglé. Schneider Electric, Legrand, Rexel et Sonepar, leaders du marché, ont dû s’acquitter de 470 millions d’euros de pénalités pour une entente visant à maintenir artificiellement des prix élevés. Contactés par nos soins, les mis en cause n’ont pas souhaité commenter cette décision.
Google sanctionné pour abus de position dominante
Les géants du numérique ne sont pas en reste. Google a ainsi été condamné au printemps à verser 250 millions d’euros pour non-respect de ses engagements en matière de droits voisins de la presse. Le moteur de recherche était accusé d’imposer aux éditeurs de presse des conditions inéquitables pour l’affichage de leurs contenus.
Une manne pour les caisses de l’État
Au total, les amendes prononcées par l’Autorité en 2024 ont rapporté 1,4 milliard d’euros au budget de l’État, un record historique. De quoi donner des moyens supplémentaires au gouvernement pour financer ses priorités, comme la transition écologique ou le soutien au pouvoir d’achat. Contacté par nos soins, Bercy n’a toutefois pas souhaité commenter l’affectation future de cette manne financière inattendue.
Le message est clair
Une chose est sûre : avec ce montant record de sanctions, l’Autorité de la concurrence envoie un message fort aux acteurs économiques tentés de jouer avec les règles. Benoît Cœuré, son président, l’a d’ailleurs martelé lors de ses vœux à la presse :
Notre détermination à faire respecter les règles du jeu concurrentiel est totale. Quel que soit votre secteur, quelle que soit votre taille, vous avez l’obligation de vous y conformer. À défaut, vous en subirez les conséquences !
Des propos fermes, qui confirment la volonté de cette institution méconnue du grand public de peser davantage dans le débat économique. Et comme un symbole de cette ambition, Benoît Cœuré quittera d’ailleurs l’Autorité en 2025 pour prendre la tête de la Banque de France. Gageons que son successeur s’inscrira dans ses pas pour continuer à traquer sans relâche les atteintes à la concurrence !