Quand un euro peut régler un conflit municipal, c’est toute la subtilité de la politique locale qui se dévoile. Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, vient d’en faire la démonstration avec panache en proposant à son opposition de lui verser un euro symbolique pour mettre un terme à une polémique qui menaçait de finir devant les tribunaux. Un geste aussi surprenant qu’efficace.
Un billet de banque pour éteindre le feu
Tout a commencé lorsque la mairie a adressé à tous les Bordelais une carte consacrée au bilan de l’action municipale, sans y faire figurer l’expression des droits de l’opposition comme le prévoit le règlement du conseil municipal. Thomas Cazenave, conseiller municipal d’opposition et ministre délégué aux Comptes publics, a alors saisi le maire écologiste en lui reprochant ce “préjudice” et en réclamant un dédommagement d’un euro, faute de quoi il menacait d’engager une procédure judiciaire.
Plutôt que d’entrer dans un bras de fer stérile, Pierre Hurmic a choisi la voie du compromis. “J’ai considéré qu’il fallait mettre un terme à cette polémique, je n’avais pas envie d’engager la ville dans des procédures longues et coûteuses”, explique-t-il sobrement. Une manière élégante de reconnaître une erreur tout en minimisant ses conséquences.
Un euro pour la forme
Si pour Thomas Cazenave, ce versement revient à admettre une faute, Pierre Hurmic se défend d’approuver les motivations de cette demande. Une nuance de taille qui lui permet de garder la face tout en réglant le problème. Reste à savoir comment concrétiser ce dédommagement symbolique dans le respect des règles de la comptabilité publique, un casse-tête dont le maire écologiste compte bien se dépatouiller. “J’ai pris l’engagement de le verser et maintenant je prends l’engagement qu’il soit versé dans les formes légales.”
Je vais saisir l’administration pour trouver une formule qui soit conforme aux comptes publics.
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux
Une polémique éteinte, des leçons à tirer
Au-delà de son aspect anecdotique, cet épisode illustre la difficulté de concilier respect du pluralisme et volonté de communiquer sur son action pour une municipalité. Il rappelle aussi utilement que le règlement intérieur n’est pas une option et que son irrespect, même involontaire, peut être sanctionné, ne serait-ce que pour la forme.
Enfin, il démontre qu’avec un peu de flexibilité et de créativité, il est souvent possible de désamorcer un conflit dans l’œuf sans engager de lourdes procédures. Une leçon de savoir-faire politique qui ne coûte finalement qu’un euro à la ville de Bordeaux. Un investissement plus que raisonnable pour préserver la sérénité du conseil municipal et se consacrer aux vrais défis qui attendent la capitale girondine.