ActualitésInternational

Tensions au Kosovo : fermeture de municipalités serbes

Le Kosovo ferme 10 municipalités serbes à l'approche des élections, provoquant la colère de Belgrade qui dénonce une "escalade dangereuse". La stabilité de la région est menacée par ces nouvelles tensions entre le Kosovo et la Serbie. Les détails de cette crise qui risque de s'envenimer...

Une nouvelle crise secoue les relations déjà tendues entre le Kosovo et la Serbie. Mercredi, les autorités kosovares ont procédé à la fermeture de dix municipalités serbes, dont une située dans la capitale Pristina. Cette opération risque fort d’envenimer davantage la situation à l’approche des élections législatives prévues en février prochain au Kosovo.

La fin des institutions « parallèles » serbes au Kosovo

Selon le ministre kosovar de l’Intérieur Xhelal Svecla, il s’agit de mettre un terme à ce qu’il considère comme des municipalités et institutions « parallèles » illégales, financées par la Serbie. « Le temps des municipalités et des institutions parallèles et criminelles de la Serbie dans la République du Kosovo se termine », a-t-il déclaré sur Facebook. En plus des dix municipalités, plusieurs bureaux de poste et d’administrations fiscales serbes ont également été fermés lors de cette opération de police menée dans des localités à population serbe.

Belgrade dénonce une « escalade dangereuse »

Sans surprise, la réaction de Belgrade ne s’est pas fait attendre. La Serbie, qui n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée par le Kosovo en 2008, a immédiatement condamné ce qu’elle qualifie « d’escalade dangereuse ». Marko Djuric, ministre serbe des Affaires étrangères, a estimé que ces « actions agressives » constituaient « une attaque contre les institutions » et « une tentative flagrante de saper les droits collectifs et l’identité des Serbes au Kosovo ».

Il est évident que Kurti utilise ces provocations dans le cadre de sa campagne électorale, au mépris des droits humains et des accords censés protéger la paix et la coexistence.

Marko Djuric, ministre serbe des Affaires étrangères

Selon lui, cette stratégie du Premier ministre kosovar Albin Kurti ne fait que « creuser davantage les divisions » et « menace la stabilité de la région ». Il a appelé la communauté internationale à ne pas rester silencieuse face à ces événements.

Le Kosovo poursuit le démantèlement des institutions serbes

Cette opération s’inscrit dans la continuité des actions menées par Pristina ces derniers mois pour démanteler ce qu’elle considère comme des structures parallèles illégales. Des bureaux de poste et des banques serbes ont été fermés, et l’usage du dinar serbe interdit il y a bientôt un an. Une politique offensive du gouvernement d’Albin Kurti qui multiplie les bras de fer avec Belgrade.

Ces nouvelles tensions surviennent à quelques semaines d’élections législatives anticipées au Kosovo, convoquées pour le 9 février. Un scrutin qui aura valeur de test pour Albin Kurti et sa ligne dure vis-à-vis de la Serbie. Mais cette stratégie de confrontation fait craindre une escalade dangereuse dans cette région des Balkans, théâtre dans les années 90 d’une guerre meurtrière.

La Serbie promet de protéger sa population au Kosovo

De son côté, Belgrade a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les Serbes du Kosovo. Le Premier ministre serbe Milos Vucevic a dénoncé « la torture qu’exerce Albin Kurti » et assuré suivre de près l’évolution de la situation.

Nous allons entreprendre toutes les mesures pour protéger la population serbe de nouvelles attaques d’Albin Kurti.

Milos Vucevic, Premier ministre serbe

Des propos qui font craindre un nouveau regain de tensions, plus de 20 ans après la guerre qui avait opposé forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise. Une guerre qui s’était soldée par l’intervention de l’OTAN contre la Serbie en 1999 et avait fait plus de 13 000 morts.

Le dialogue au point mort entre Belgrade et Pristina

Malgré des années de médiation internationale, notamment de l’Union européenne, le dialogue entre Belgrade et Pristina est aujourd’hui dans l’impasse. La Serbie refuse toujours de reconnaître l’indépendance de son ancienne province, pourtant actée par la déclaration unilatérale de 2008 et reconnue par la plupart des pays occidentaux.

Côté kosovar, on accuse la Serbie d’instrumentaliser la minorité serbe pour déstabiliser le pays et remettre en cause sa souveraineté. Des accusations balayées par Belgrade, qui se pose en protectrice de cette communauté discriminée selon elle par les autorités de Pristina.

Une chose est sûre : cette nouvelle passe d’armes risque de compliquer encore un peu plus le rapprochement entre les deux pays, pourtant indispensable à leur perspective européenne. Bruxelles ne cesse de le répéter : pas d’adhésion à l’UE sans normalisation durable des relations entre Belgrade et Pristina. Un objectif qui semble aujourd’hui plus lointain que jamais.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.