En pleine escalade des tensions avec les États-Unis et alors que les négociations sur son programme nucléaire sont au point mort, l’Iran muscle sa posture militaire. D’après des informations rapportées par les médias officiels iraniens, l’armée du pays a récemment dévoilé un navire de reconnaissance ultramoderne dans le cadre de vastes manœuvres visant à renforcer la sécurité de ses installations nucléaires stratégiques.
Le navire Zagros, nouvel « œil » des mers pour l’Iran
Baptisé Zagros, ce bâtiment entièrement conçu et fabriqué en Iran est doté selon la télévision nationale de capteurs électroniques de pointe, d’un mât intégré permettant des calculs précis des ondes électromagnétiques, ainsi que de capacités d’interception et de surveillance « intelligente ». Il s’agit du premier navire du genre pour la marine iranienne.
Le navire Zagros sera l’œil vigilant de la marine iranienne dans les profondeurs des mers et des océans.
Amiral Shahram Irani, commandant de la marine iranienne
Intégré aux opérations de combat naval, le Zagros aura pour mission prioritaire de surveiller les abords des sites nucléaires sensibles iraniens comme ceux de Natanz, Fordo (centre du pays) et Khondab (ouest). Une démonstration de force alors que l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien, dénoncé unilatéralement par Washington en 2018, reste très incertain.
L’ombre d’une frappe contre les installations nucléaires
Malgré un changement d’administration à la Maison Blanche, les relations entre Téhéran et Washington restent glaciales. Selon des sources proches du dossier, l’hypothèse d’une action militaire américaine coordonnée avec Israël contre les installations nucléaires iraniennes serait à l’étude si l’Iran venait à franchir certaines « lignes rouges ».
En réponse, le régime des mollahs affiche sa détermination à défendre ses intérêts stratégiques. Les exercices militaires « Eqtedar » (« Puissance ») en cours depuis une semaine et qui mobilisent tous les corps d’armée s’inscrivent clairement dans une logique de dissuasion. Avec le dévoilement en grande pompe de son nouveau navire espion, Téhéran envoie un message sans équivoque.
Course aux armements et risques d’embrasement
Au-delà de la rhétorique, cette escalade militaire nourrit les craintes d’une déstabilisation accrue dans une région déjà sous haute tension. L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, accuse les Occidentaux de « deux poids, deux mesures » et de vouloir entraver son droit à un programme nucléaire civil.
De leur côté, les États-Unis, Israël et plusieurs pays arabes suspectent la République islamique de chercher secrètement à développer la bombe. Une « ligne rouge » pour Washington et ses alliés régionaux qui n’excluent aucune option pour empêcher Téhéran d’y parvenir, y compris la force.
Dans ce climat de défiance, le risque d’un engrenage incontrôlé n’est pas à exclure. D’autant qu’avec la montée en puissance de son arsenal militaire et le durcissement de sa posture, l’Iran semble déterminé à ne rien céder sur ce qu’il considère comme ses intérêts vitaux. Le dévoilement du navire Zagros en est la dernière illustration en date.
Un nouveau levier dans les négociations sur le nucléaire ?
Mais au-delà de sa dimension sécuritaire, cette annonce pourrait aussi avoir une portée diplomatique. En affichant ses nouvelles capacités de surveillance maritime, Téhéran cherche peut-être à renforcer sa main dans d’éventuelles futures négociations sur son programme nucléaire.
Un moyen de prouver sa détermination tout en ouvrant la voie à un potentiel donnant-donnant : un accès contrôlé aux inspecteurs internationaux sur certains sites contre des garanties sur la levée des sanctions économiques qui asphyxient le pays. Une hypothèse à ce stade, mais qui témoigne de la complexité d’un dossier aux multiples ramifications.
Une chose est sûre : avec ce nouveau déploiement militaire, l’Iran confirme qu’il entend plus que jamais peser sur les équilibres géostratégiques régionaux. Et ce, avec ou sans accord sur le nucléaire. Un message fort, mais aussi porteur de nouveaux dangers dans une poudrière sous pression. L’avenir dira si le navire Zagros sera un atout ou un périlleux joker dans ce bras de fer à hauts risques.
