Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, l’Armée rouge soviétique libérait les 7 500 prisonniers survivants du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. Cet anniversaire est l’occasion de se remémorer l’horreur de ce lieu, devenu le symbole de l’Holocauste et de la barbarie nazie.
Auschwitz-Birkenau, l’usine de mort nazie
Situé dans la ville polonaise d’Oświęcim, à 50 kilomètres à l’ouest de Cracovie, le complexe d’Auschwitz-Birkenau était constitué de trois camps principaux : Auschwitz I, Auschwitz II-Birkenau et Auschwitz III-Monowitz. C’est à Birkenau, construit en 1941, que se trouvaient les chambres à gaz et les fours crématoires qui ont fait de ce lieu la plus grande usine de mort de l’histoire.
Entre 1940 et 1945, ce sont environ 1,1 million de personnes qui ont été exterminées à Auschwitz-Birkenau, dont près d’un million de Juifs. Les autres victimes étaient principalement des Polonais non-juifs, des Roms et des prisonniers de guerre soviétiques. Dès leur arrivée par train dans des wagons à bestiaux, les déportés étaient sélectionnés : ceux jugés aptes au travail étaient momentanément épargnés, les autres étaient envoyés directement dans les chambres à gaz.
L’horreur révélée au monde
Dès décembre 1942, le gouvernement polonais en exil à Londres avait transmis aux Alliés des informations détaillées sur l’extermination massive des Juifs, fournies par des membres de la résistance polonaise. Mais ces révélations n’ont suscité que peu de réactions de la communauté internationale à l’époque.
Avant de fuir devant l’avancée soviétique, les nazis ont tenté de détruire les preuves de leurs crimes, dynamitant les installations de mise à mort et brûlant de nombreux documents. Malgré cela, les troupes soviétiques ont pu prendre la mesure de l’horreur à leur arrivée le 27 janvier 1945 et ont révélé au monde entier l’ampleur de la machine d’extermination nazie.
Un lieu de mémoire et d’éducation
Dès 1947, l’ancien camp est classé comme monument national polonais et un musée, le Musée national Auschwitz-Birkenau, est créé. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le site fait aujourd’hui partie des lieux de mémoire les plus visités au monde avec environ 2 millions de visiteurs chaque année.
La préservation du site est un enjeu majeur pour perpétuer le souvenir des victimes et éduquer les nouvelles générations. Depuis 2012, un fonds international permanent cofinance l’entretien du musée. Il réunit 40 pays et dispose d’un capital de plus de 180 millions d’euros.
Lutter contre le négationnisme et l’oubli
En 2007, à la demande de la Pologne, le nom officiel du camp a été modifié en « Auschwitz-Birkenau, camp allemand nazi de concentration et d’extermination (1940-1945) ». Une manière de rappeler la responsabilité des nazis et de lutter contre l’emploi erroné de termes comme « camps polonais » dans les médias étrangers.
80 ans après la révélation de l’horreur, alors que les derniers témoins directs disparaissent, il est plus que jamais essentiel de se souvenir d’Auschwitz et de transmettre son histoire. Face à la résurgence de l’antisémitisme et de discours négationnistes, les lieux comme Auschwitz sont des remparts contre l’oubli et la haine. Comme l’écrivait Primo Levi, survivant d’Auschwitz, « il est arrivé, donc cela peut arriver de nouveau ».
Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre.
George Santayana, philosophe