Alors que le président américain élu Donald Trump s’apprête à prendre ses fonctions, de nombreux observateurs s’interrogent sur les conséquences potentielles de sa politique économique. Au cœur des préoccupations : le risque d’une reprise de l’inflation dans le pays. Décryptage.
Une Politique Économique aux Multiples Facettes
Durant sa campagne, Donald Trump a annoncé un vaste programme économique centré sur plusieurs axes majeurs :
- Hausse des droits de douane sur les produits importés, notamment en provenance de Chine
- Nouvelles baisses d’impôts
- Dérégulation de plusieurs secteurs clés de l’économie américaine
- Expulsion des migrants en situation irrégulière
Un cocktail de mesures qui suscite de vives inquiétudes chez de nombreux économistes, qui y voient un risque inflationniste important. La hausse des droits de douane pourrait en effet se traduire par une augmentation des prix à la consommation, poussant la Réserve fédérale (Fed) à maintenir des taux d’intérêt élevés plus longtemps que prévu.
Des Effets Inflationnistes Limités selon Stephen Moore
Pourtant, dans un entretien accordé à l’AFP, Stephen Moore, l’un des plus anciens conseillers économiques de Donald Trump, se veut rassurant. Selon lui, « certes, certaines politiques comme les droits de douane pourraient avoir un effet inflationniste, mais il faut garder en tête qu’elles seront couplées à des baisses d’impôts ».
Les produits fabriqués aux États-Unis seront moins taxés, ceux provenant de Chine le seront plus, quand vous faites le bilan, vous pourrez avoir quelques évolutions de prix, mais pas de hausse globale.
Stephen Moore, conseiller économique de Donald Trump
Une analyse que ne partagent pas tous les experts. Les économistes de Goldman Sachs anticipent ainsi une hausse « importante » des droits de douane visant la Chine et les véhicules européens dès l’entrée en fonction de Donald Trump, avec à la clé un impact haussier sur l’inflation, et des « risques plus élevés » si le président élu venait à aller plus loin dans cette direction.
Immigration et Fiscalité : Des Freins Potentiels à la Croissance
Au-delà de la question de l’inflation, certains économistes pointent d’autres risques liés à la politique économique annoncée par Donald Trump. Ceux de Barclays estiment ainsi que « les politiques migratoires et fiscales de M. Trump risquent d’être des freins à la croissance américaine ».
La volonté affichée par le prochain président de fermer la frontière sud et d’expulser les travailleurs migrants sans papier pourrait en effet priver certains secteurs, comme l’agriculture, d’une main d’œuvre bon marché et abondante. De quoi peser sur l’activité économique.
Des Défis pour la Réserve Fédérale
Face à ces incertitudes, la Réserve fédérale, déjà engagée dans un cycle de remontée progressive de ses taux directeurs, pourrait avoir du mal à piloter sa politique monétaire. Si l’inflation venait à s’emballer sous l’effet de la politique trumpienne, elle pourrait être tentée d’accélérer le rythme de hausse des taux, au risque de casser la croissance.
Un scénario que semble redouter Stephen Moore. « Je pense que M. Trump comprend que l’inflation est l’ennemie du peuple et donc aussi l’ennemi d’un mandat présidentiel », confie-t-il, avant d’ajouter, menaçant : « si cela ne se produit pas, il se débarrassera de Jerome Powell », l’actuel président de la Fed. Une déclaration choc, alors que l’indépendance de la banque centrale est considérée comme un pilier de la stabilité économique et financière.
Une Mise en Œuvre Rapide Attendue
Malgré ces incertitudes et ces risques, Donald Trump semble déterminé à mettre en œuvre son programme économique au pas de charge. Selon Stephen Moore, le président élu a déjà préparé une série de décrets qu’il pourra signer dès son premier jour à la Maison Blanche, visant notamment à revenir sur plusieurs politiques mises en place par son prédécesseur Barack Obama.
Parmi les cibles attendues : les régulations en faveur des énergies vertes, les mesures de promotion de la diversité et de lutte contre les discriminations, ou encore l’accord de Paris sur le climat, jugé « contre-productif » par l’équipe Trump. Autant de signaux inquiétants envoyés aux défenseurs d’une économie plus verte et inclusive.
Au final, si la politique économique de Donald Trump suscite de nombreuses inquiétudes et interrogations, une chose semble certaine : le nouveau président entend bousculer le statu quo et imprimer sa marque sur l’économie américaine. Avec à la clé de nombreux défis pour la Réserve fédérale, qui devra manœuvrer avec doigté pour maintenir la stabilité des prix sans casser la croissance. Les premières décisions de l’ère Trump seront donc scrutées avec la plus grande attention par les marchés et les observateurs.
