Alors que le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza entre dans son 16e mois, faisant des dizaines de milliers de victimes, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. Selon des sources proches des négociations, les pourparlers indirects menés au Qatar pour parvenir à un cessez-le-feu et à un échange d’otages entrent dans leur phase finale.
Un bilan humain désastreux
Déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas contre Israël, cette guerre n’a épargné personne. D’après des données officielles compilées par l’AFP, 1.210 Israéliens ont perdu la vie, en grande majorité des civils. Côté palestinien, le bilan est encore plus lourd : le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, fait état d’au moins 46.645 morts, là aussi principalement des civils.
Escalade meurtrière
Malgré une trêve d’une semaine fin novembre 2023, les affrontements n’ont jamais vraiment cessé. Et ces derniers jours, l’armée israélienne a intensifié ses frappes sur Gaza, visant selon elle « des terroristes du Hamas ». Un bilan provisoire du ministère de la Santé gazaoui fait état de 61 morts supplémentaires ces dernières 24 heures.
Pression internationale
Face à ce bain de sang, la communauté internationale accentue la pression pour un cessez-le-feu, d’autant plus que 251 personnes avaient été enlevées par le Hamas lors de son attaque initiale. Selon l’armée israélienne, il resterait encore 94 otages aux mains du mouvement islamiste, dont 34 seraient décédés.
Le temps presse, les otages vivants finiront par mourir. Les otages morts risquent d’être perdus. Nous devons agir maintenant.
Gil Dickman, cousin d’un otage israélien
Négociations dans la dernière ligne droite
Le Qatar, médiateur principal avec les États-Unis et l’Égypte, a déclaré que les négociations étaient désormais « au stade final », les principaux points de blocage ayant été levés. Une information corroborée par diverses sources proches du dossier.
Échanges de prisonniers en deux phases
Un responsable israélien a indiqué que la première phase d’un éventuel accord concernerait la libération de 33 otages, en échange d’environ un millier de prisonniers palestiniens. Cette étape initiale verrait le retour prioritaire des enfants et des femmes parmi les captifs. La seconde phase, qui devrait débuter 16 jours plus tard, porterait sur les otages restants, y compris les soldats et civils en âge d’être mobilisés, ainsi que sur le rapatriement des dépouilles des otages décédés.
Zone tampon provisoire
Autre point important des discussions selon les médias israéliens : le maintien d’une « zone tampon » sous contrôle de Tsahal dans la bande de Gaza, sur une profondeur de 800 mètres le long de la frontière, de Rafah au sud jusqu’à Beit Hanoun au nord. Cette présence serait provisoire, le temps de la première phase de l’accord.
Derniers obstacles
Malgré ces avancées significatives, des points de désaccord subsistent entre les parties. Le Hamas a affirmé vouloir « un accord clair et global », tandis qu’un responsable israélien a souligné qu’Israël ne quitterait pas Gaza tant que tous les otages, vivants et morts, ne seraient pas rentrés.
Nous sommes proches du but, mais pas encore là.
Un responsable israélien
Pressions contradictoires sur Netanyahu
Alors que les présidents américain Joe Biden et égyptien Abdel Fattah al-Sissi exhortent les belligérants à « faire preuve de la flexibilité nécessaire », le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit aussi composer avec les pressions de ses ministres d’extrême droite, hostiles à toute concession. Il semble néanmoins déterminé à conclure un accord, quitte à les ignorer.
Il y a une véritable volonté de notre part de parvenir à un accord sur les otages. Si nous y parvenons, nous aurons une majorité au gouvernement qui soutiendra l’accord.
Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères
L’ombre de Trump
Un paramètre pèse sur les négociations : le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier. L’ex-président américain a en effet promis « l’enfer » à la région si les otages n’étaient pas libérés avant son investiture. Une menace que personne ne prend à la légère, Israéliens comme Palestiniens ayant encore en mémoire le mandat hors norme de Trump.
Quel avenir pour Gaza ?
Au-delà d’un cessez-le-feu, la question de l’avenir de Gaza, minée par un blocus israélien depuis plus de 15 ans, reste entière. Le territoire de 2 millions d’habitants est confronté à une crise humanitaire sans précédent. Mais certaines pistes sont avancées :
- Déploiement d’une force internationale de sécurité sous l’égide de l’ONU
- Placement de Gaza sous responsabilité onusienne
- Retour de l’Autorité palestinienne (qui contrôle partiellement la Cisjordanie) aux commandes
Des options jugées crédibles par le secrétaire d’État américain sortant Antony Blinken, mais qui devront nécessairement faire l’objet de nouvelles tractations. En attendant, pour les habitants de Gaza comme Nadia Moustafa Madi, une déplacée, l’urgence est ailleurs : « Je suis prête à reconstruire ma vie au milieu des décombres », confie-t-elle.