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L’important site minier de Pokrovsk à l’arrêt à cause des combats

L'avancée russe force la mise à l'arrêt de la mine de Pokrovsk, un site crucial pour la sidérurgie ukrainienne. Metinvest évacue des milliers d'employés et leurs familles, mettant en péril ce pilier économique du pays en guerre. L'Ukraine pourra-t-elle se relever de ce coup dur ?

Une nouvelle inquiétante vient de tomber pour l’économie ukrainienne, déjà lourdement affectée par trois années de conflit meurtrier avec la Russie. D’après une source proche du dossier, le groupe industriel Metinvest a été contraint de suspendre les activités de la mine de Pokrovsk, un site d’extraction de charbon d’une importance capitale pour l’industrie sidérurgique du pays.

Située dans le Donbass, cette mine se trouve désormais en première ligne des affrontements entre les forces ukrainiennes et russes. Avec l’avancée des troupes de Moscou, qui se rapprochent dangereusement de cette localité stratégique, la sécurité des quelque 60 000 habitants et des milliers de mineurs n’est plus assurée.

Face à cette situation intenable, la direction de Metinvest a donc pris la douloureuse décision d’arrêter la production et d’évacuer l’ensemble du personnel. « Nous ne pouvons pas risquer la vie de nos employés et de leurs familles », a déclaré Iouri Ryjenkov, le patron du conglomérat. Une mesure radicale, qui témoigne de la gravité de la menace qui pèse sur la région.

Un coup dur pour la sidérurgie ukrainienne

Si la priorité est bien sûr d’assurer la sécurité des travailleurs, cette fermeture forcée représente néanmoins un coup très dur pour l’économie nationale. Et pour cause, la mine de Pokrovsk est la seule du pays encore sous contrôle de Kiev à produire du coke, un charbon indispensable à la fabrication de l’acier.

Or, la sidérurgie est le deuxième secteur d’exportation de l’Ukraine, juste derrière l’agriculture. En temps normal, le site de Pokrovsk fournit près de la moitié de la production nationale de coke. Son arrêt, même temporaire, risque donc de pénaliser lourdement cette industrie déjà fragilisée par les destructions massives causées par la guerre.

Mise en service en 1990, juste avant l’effondrement de l’Union soviétique, la mine a extrait depuis plus de 100 millions de tonnes de charbon, soit environ la moitié de ses réserves estimées. Ces dernières années, malgré le conflit, elle produisait encore entre 5 et 6 millions de tonnes par an, selon les chiffres de Metinvest.

Un site hautement stratégique

Au-delà de son importance économique, Pokrovsk est aussi un nœud logistique crucial pour les forces ukrainiennes engagées dans la défense du Donbass. Située à la croisée de plusieurs routes majeures, la ville sert de base arrière et de point de ravitaillement pour les troupes déployées sur ce front.

Sa perte serait donc un revers stratégique majeur pour l’état-major ukrainien, qui craint une percée des forces russes vers les bastions de Sloviansk et Kramatorsk plus à l’ouest. Conscient de cet enjeu, Kiev a massivement renforcé les défenses de la zone ces dernières semaines, transformant la cité minière en véritable forteresse.

Un avenir incertain

Malgré une résistance acharnée, les forces ukrainiennes semblent néanmoins céder du terrain face à la pression grandissante de l’armée russe. Mi-décembre, Metinvest avait déjà dû fermer l’un des trois puits de la mine, situé dans le village de Pichtchané, en raison de la proximité des combats.

Si les affrontements continuent à s’intensifier, c’est toute l’activité du site qui pourrait être paralysée pour une durée indéterminée. Un scénario catastrophe pour l’économie ukrainienne, qui doit déjà faire face à des destructions massives et à la désorganisation de pans entiers de son appareil productif.

La mine de Pokrovsk est le cœur énergétique de la métallurgie ukrainienne

– Iouri Ryjenkov, PDG de Metinvest

Malgré ces sombres perspectives, la direction de Metinvest veut croire en des jours meilleurs. « Nous croyons en la victoire de l’Ukraine, en la force de notre armée », a martelé Iouri Ryjenkov. Le groupe se dit prêt à relancer la production et à reconstruire Pokrovsk dès que les conditions de sécurité le permettront.

Reste à savoir quand ce moment arrivera. Après bientôt un an et demi de guerre, et malgré l’ampleur des destructions, aucun des belligérants ne semble prêt à déposer les armes. Et dans cette lutte à l’usure, chaque revers économique rapproche un peu plus l’Ukraine du point de rupture.

La fermeture de la mine de Pokrovsk n’est donc pas seulement un coup dur pour l’industrie sidérurgique nationale. C’est aussi un symbole préoccupant de l’effritement progressif de toute l’économie ukrainienne sous les coups de boutoir de l’invasion russe. Un lent délitement qui pourrait, à terme, s’avérer aussi décisif que les combats sur le front.

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