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L’Armée Soudanaise Nie les Attaques Contre les Civils à Al-Jazira

L'armée soudanaise réfute les allégations d'attaques contre les civils à Al-Jazira, une zone récemment reprise aux paramilitaires. Une organisation d'avocats affirme pourtant que 13 personnes, dont 2 enfants, ont été tuées. Que s'est-il réellement passé ? Le conflit fait rage depuis 20 mois...

Au cœur d’un Soudan déchiré par un conflit sanglant depuis près de deux ans, les accusations fusent et les démentis se succèdent. Dernière controverse en date : les supposées exactions de l’armée soudanaise contre les populations civiles dans l’État d’Al-Jazira, une région stratégique du centre du pays récemment reprise aux redoutables paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Mais que s’est-il réellement passé ?

13 civils tués, dont 2 enfants : les graves accusations d’Emergency Lawyers

C’est un collectif d’avocats soudanais, Emergency Lawyers, qui a tiré la sonnette d’alarme. Selon eux, les forces gouvernementales et des milices alliées se seraient livrées la semaine dernière à une série d’« exécutions extrajudiciaires, d’enlèvements ainsi que des humiliations et tortures physiques et psychologiques » dans la localité d’Um al-Qura, à l’est d’Al-Jazira, faisant 13 victimes parmi les civils dont deux enfants. Des attaques qui auraient débuté alors même que l’armée progressait dans la région pour en déloger les FSR.

Les avocats d’Emergency Lawyers, qui documentent les atrocités commises depuis le début de cette guerre fratricide en avril 2023, évoquent également l’arrestation arbitraire « d’un certain nombre de civils, y compris des femmes » ainsi que des « campagnes ethniques » visant des communautés agricoles locales, les Kanabi, accusées de collaborer avec les paramilitaires. Des allégations graves et circonstanciées qui jettent une lumière crue sur la brutalité du conflit soudanais.

Crimes de guerre et violences ethniques : les deux camps pointés du doigt

Si les FSR ont tristement acquis une sinistre réputation pour leurs exactions à caractère ethnique, au point d’être récemment accusées de génocide par Washington, l’armée régulière n’est pas en reste. Comme le soulignent les avocats d’Emergency Lawyers, des civils semblent aussi être victimes de discriminations raciales dans les zones passées sous son contrôle. Un constat glaçant, mais guère surprenant tant les crimes de guerre semblent être devenus la norme dans cet interminable conflit.

« Tant l’armée que les FSR ont été accusées de crimes de guerre, notamment d’avoir pris pour cible des civils et bombardé sans distinction des zones résidentielles. »

Le démenti de l’armée soudanaise : des « violations individuelles » ?

Face à ces accusations accablantes, l’armée soudanaise est montée au créneau ce mardi, niant toute implication dans ces attaques contre les civils. Selon un communiqué officiel, ces violences ne seraient que des « violations individuelles » et non une politique délibérée. Les autorités militaires promettent de veiller à ce que les responsables soient poursuivis et jugés, tout en accusant en retour des groupes non identifiés de vouloir « incriminer l’armée » en ignorant « les crimes de guerre horribles des FSR ».

Un démenti en demi-teinte qui ne convainc guère, tant les témoignages locaux semblent crédibles et documentés. Il est vrai que depuis la reprise de la capitale régionale Wad Madani aux paramilitaires samedi dernier, la tension est à son comble dans cette région agricole où certaines communautés sont stigmatisées pour leur supposé soutien aux FSR.

Soudan : une crise humanitaire sans précédent

Au-delà de la polémique, ces allégations d’exactions contre les civils illustrent une fois de plus l’ampleur de la tragédie humanitaire qui ravage le Soudan. Selon l’ONU, cette guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et plongé le pays au bord de la famine. Une situation catastrophique qui ne cesse de s’aggraver, dans l’indifférence quasi-générale de la communauté internationale.

Pourtant, chaque jour apporte son lot d’horreurs et de drames humains. Viols, tortures, massacres de masse : les belligérants semblent se livrer à une surenchère dans la barbarie, sans que nul ne soit épargné. Femmes, enfants, vieillards : tous sont devenus des cibles potentielles dans cette guerre sans fin ni merci. Et ce sont souvent les communautés les plus vulnérables, comme les agriculteurs Kanabi d’Al-Jazira, qui payent le plus lourd tribut.

Face à cette hécatombe, le temps n’est plus aux polémiques stériles ni aux démentis de pure forme. Il est urgent que la communauté internationale se mobilise enfin pour imposer un cessez-le-feu durable et créer les conditions d’un dialogue inclusif entre toutes les parties. Car sans une action résolue et concertée, le Soudan risque de sombrer définitivement dans un chaos destructeur, dont nul ne sortira indemne. Et ce sont les civils, une fois de plus, qui en seront les principales victimes.

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