C’est une décision qui fait grincer des dents dans le monde du football allemand. La Cour constitutionnelle vient de statuer que les surcoûts liés à la sécurité des matches à hauts risques doivent désormais être pris en charge par les clubs, et non plus par les contribuables. Un choix motivé par le fait que les équipes professionnelles sont les bénéficiaires économiques de ces dispositifs policiers renforcés.
Un lourd contentieux financier
Le litige opposait la Ligue allemande de football (DFL) au Land de Brême, qui avait facturé 425 000€ au Werder Brême en 2015 pour sécuriser un « Nordderby » contre Hambourg. Depuis, la note s’est alourdie, dépassant les 3 millions d’euros de frais de sécurité pour des rencontres sensibles. La moitié a dû être payée par le Werder à la Ligue, l’autre étant pour l’instant reportée.
Malgré plusieurs recours en justice, la DFL vient donc d’être définitivement déboutée. Une pilule amère à avaler pour les instances, comme en témoigne la réaction de Bernd Hoefer, avocat de la Ligue :
Pour nous, c’est évidemment décevant, mais nous devons l’accepter.
Le football doit-il payer pour la sécurité publique ?
Au cœur du débat, la question de la responsabilité financière du maintien de l’ordre autour des enceintes sportives. La Fédération allemande conteste le fait que le football doive « supporter les coûts supplémentaires liés à la sécurité dans l’espace public, sur lequel il n’a aucune influence ». Une cinquantaine de matches sont classés à risques chaque saison en Allemagne, mobilisant entre 1000 et 1500 policiers à chaque fois.
Un précédent inquiétant
Au-delà du cas de Brême, cette décision pourrait faire jurisprudence et inciter les 15 autres Länder allemands à suivre le mouvement, faisant peser une lourde charge financière sur les épaules des clubs professionnels. Un scénario particulièrement redouté par le Werder Brême, qui en appelle à la « solidarité » des autres équipes.
Un soutien que refuse pour l’instant la DFL, excluant de faire payer les clubs des régions où ces frais ne sont pas prélevés. Son président Hans-Joachim Watzke craint par ailleurs que cet arrêt « ne cause de graves dommages à long terme sur l’ordre public » en Allemagne. Les groupes de supporters évoquent aussi de potentielles dérives.
Les clubs allemands face à leurs responsabilités
Cette décision place les équipes de Bundesliga face à un défi de taille. Au-delà de l’aspect financier, c’est toute la gestion de la sécurité et des tensions autour du football qui est questionnée. Les clubs devront redoubler d’efforts et d’imagination pour apaiser les rivalités, responsabiliser leurs fans et éviter les débordements, sous peine de voir leur facture sécuritaire s’envoler.
Une équation complexe dans un contexte de passion footbalistique et de tensions sociales souvent exacerbées dans les stades. Le football allemand saura-t-il relever ce défi ? L’avenir nous le dira, mais cette décision marque indéniablement un tournant dans la gouvernance du sport roi outre-Rhin. Un dossier brûlant que les clubs ne pourront pas éluder et qui promet encore de nombreux rebondissements.