Le Liban tourne une nouvelle page de son histoire. Nawaf Salam, récemment nommé Premier ministre, a lancé un appel au rassemblement mardi pour « sauver » le pays, plongé dans une crise profonde. Une main tendue à tous les partis politiques, alors que l’heure est à la reconstruction après la guerre dévastatrice entre le Hezbollah et Israël.
Un homme de consensus pour dépasser les clivages
Dès son discours inaugural au palais présidentiel, M. Salam a donné le ton : « Je ne suis pas un homme qui exclut, mais un homme qui rassemble ». Le nouveau chef du gouvernement veut « tendre la main à tous pour débuter ensemble la mission de sauvetage, de réformes et de reconstruction ». Un objectif ambitieux dans un pays profondément divisé politiquement.
Le Hezbollah, puissant mouvement chiite soutenu par l’Iran, s’était par le passé opposé à la nomination de Nawaf Salam. Mais la guerre contre Israël l’a affaibli, permettant l’élection du président Joseph Aoun et la désignation rapide du Premier ministre, selon des analystes. Une évolution majeure du paysage politique libanais.
Consolider le cessez-le-feu et reconstruire
Parmi les priorités de M. Salam : consolider le cessez-le-feu fragile entre le Hezbollah et Israël, en vigueur depuis fin novembre après deux mois de conflit. Il a promis de « faire régner l’autorité de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire » et d’œuvrer à l’application complète de la résolution 1701 de l’ONU.
L’autre grand chantier est la reconstruction des régions dévastées par la guerre, notamment le sud du Liban, l’est et la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Un défi de taille pour redonner espoir à une population meurtrie.
Réformer l’économie et lutter contre la corruption
Au-delà des urgences post-conflit, Nawaf Salam devra s’attaquer à la crise économique sans précédent qui mine le Liban depuis plus de 5 ans. Il a promis « un programme complet pour édifier une économie moderne et productive », pointant du doigt « la gestion défaillante, le clientélisme et la corruption » des précédents gouvernements.
Nous avons vécu sous une gestion défaillante, marquée par le clientélisme et rongée par la corruption. Il est temps de la rejeter et de la mettre au service du peuple.
Nawaf Salam, Premier ministre du Liban
Les réformes attendues de longue date par la communauté internationale seront une condition sine qua non pour remettre le pays sur les rails. Un « État efficient et juste » est la promesse de M. Salam pour restaurer la confiance.
Rendre justice aux victimes de l’explosion de Beyrouth
Le nouveau Premier ministre a aussi évoqué le drame de l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth en 2020. « Tout cela ne peut être évoqué avant que nous fassions tout notre possible pour rendre justice aux victimes », a-t-il martelé. Plus de 4 ans après, les familles attendent toujours la vérité et les responsables n’ont pas été inquiétés, sur fond d’ingérences politiques dans l’enquête.
En tendant la main à toutes les forces politiques pour « entamer un nouveau chapitre », Nawaf Salam a placé la barre très haut. Les consultations pour former un gouvernement, qui débutent mercredi, seront un premier test. Dans ce pays habitué aux blocages, l’exercice peut prendre des mois.
Le président Aoun a appelé à une formation rapide de l’exécutif, soulignant que lorsque qu' »une composante se brise, c’est le Liban tout entier qui se brise ». Un message clair pour mettre les divisions de côté et se consacrer à la reconstruction.
Le Liban a désespérément besoin de stabilité et d’unité pour se relever. Nawaf Salam aura fort à faire pour rassembler au-delà des clivages et conduire les réformes nécessaires. L’avenir du pays dépendra de sa capacité à transformer son discours d’ouverture en actes concrets. Le chemin sera long, mais le Liban a prouvé à maintes reprises sa résilience face à l’adversité.