Dans le monde de la course au large, Charlie Dalin fait figure d’exception. Vainqueur du Vendée Globe 2025 après 80 jours d’une bataille acharnée sur les mers, le skipper havrais a démontré que dans ce sport, le hasard n’a pas sa place. Portrait d’un marin scientifique, pour qui la rigueur et la préparation sont les maîtres-mots du succès.
Une victoire au goût de revanche
Le 14 janvier 2025, Charlie Dalin franchit en vainqueur la ligne d’arrivée du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, sous les vivats de la foule. Un succès d’autant plus savoureux qu’il efface la déception de l’édition 2020-2021, où il avait coupé la ligne en tête avant d’être déclassé en raison des compensations de temps accordées à d’autres concurrents. Mais comme il le confie, cette fausse victoire a été un déclic :
Plutôt que de m’apitoyer sur mon sort, j’ai vu ça comme un défi, l’occasion de progresser et de revenir plus fort. J’ai passé les 4 années suivantes à travailler dur, à optimiser chaque détail pour ne plus laisser la place au hasard.
Un état d’esprit qui sied parfaitement à cet ingénieur de formation, féru de chiffres et d’analyse. Depuis ses débuts sur le circuit Figaro en 2012, le Normand s’est forgé une réputation d’homme de calcul, abordant la compétition de façon quasi-scientifique.
La préparation, clé du succès
Pendant les 4 ans qui séparent deux éditions du Vendée Globe, quand d’autres skippers prennent le temps de souffler, Charlie Dalin lui ne relâche jamais la pression. Chaque intersaison est l’occasion de disséquer sa monture, d’apporter les ajustements nécessaires pour gagner en performance. Un travail de fourmi mené en étroite collaboration avec son équipe technique à terre :
On analyse chaque paramètre susceptible de faire la différence : le profil des voiles, les appendices, l’électronique, l’ergonomie du bateau… Rien n’est laissé au hasard. L’objectif est d’arriver au départ avec un ensemble homme-machine au top de ses capacités.
Cette quête d’excellence se retrouve aussi dans la préparation physique et mentale du skipper. Entraînements intensifs, travail de la souplesse et du cardio, séances de méditation… Tout est bon pour optimiser son capital forme et sa capacité de résistance face aux éléments.
Maîtrise et sérénité
Une préparation qui s’est avérée payante sur ce Vendée Globe 2025, marqué par des conditions météo difficiles. D’après une source proche du skipper, Charlie Dalin a su faire la différence dans le grand Sud, affichant une maîtrise et une sérénité déconcertantes malgré les dépressions à répétition:
Quand certains subissaient les éléments, lui semblait les dompter. On sentait que chacune de ses décisions était mûrement réfléchie, en cohérence avec sa stratégie. Jamais un coup de stress ou un geste de travers. Une course d’orfèvre.
Preuve de cette gestion sans faille, Charlie Dalin caracolait déjà en tête à l’entrée de l’Atlantique, avec plus de 300 milles d’avance sur ses poursuivants. Une marge qu’il a su préserver jusqu’à l’arrivée, coupant la ligne avec 15 heures d’avance sur le deuxième.
Et maintenant, cap sur les records ?
Avec cette victoire éclatante, assortie d’un nouveau record de l’épreuve en 74 jours, Charlie Dalin s’installe dans la cour des grands de la voile. À 41 ans, le Normand n’entend pas pour autant relâcher ses efforts, bien au contraire. Son nouveau défi : s’attaquer aux records mythiques de la voile en solitaire, dont celui du Tour du monde détenu depuis 2017 par François Gabart :
Battre le record de François serait la suite logique. J’ai prouvé sur ce Vendée Globe que j’en avais la capacité. Maintenant, il faut réunir les conditions optimales en termes de sponsors, de bateau, de météo. Et comme d’habitude, tout faire pour éliminer la part de hasard.
Nul doute que s’il s’élance sur les traces de Gabart, Charlie Dalin mettra toutes les chances de son côté. Préparation millimétrée, concentration de tous les instants, rigueur scientifique… Les ingrédients qui ont fait son succès sur le Vendée Globe seront à coup sûr de la partie. Pour tenter de repousser encore les limites de la voile en solitaire.