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Attaque terroriste près de Charlie Hebdo : le long chemin de guérison des victimes

Hélène et Paul, grièvement blessés lors de l'attaque au hachoir devant Charlie Hebdo en 2020, racontent leur lent et douloureux parcours de reconstruction, entre séquelles physiques et traumatismes psychologiques. Un témoignage poignant au cœur du procès de leurs agresseurs...

Quatre ans après avoir frôlé la mort sous les coups de hachoir d’un assaillant devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, Hélène et Paul, deux victimes de cette violente attaque terroriste, ont livré des témoignages poignants lors du procès de leurs agresseurs. Un parcours de reconstruction semé d’embûches, entre douleurs physiques persistantes et profonds traumatismes psychologiques.

« Cette peur dans mes entrailles » : le lourd tribut des victimes

Le 25 septembre 2020, en plein procès des attentats meurtriers de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, un homme armé d’un hachoir s’en prend sauvagement à Hélène et Paul, deux employés de l’agence Premières Lignes qui se trouvaient par hasard devant l’immeuble abritant auparavant le journal satirique. « Aujourd’hui encore je ressens cette peur dans mes entrailles », confie Hélène, 32 ans, à la barre. Mâchoire fracturée, multiples plaies, les deux victimes garderont à vie les stigmates de cet déchaînement de violence aveugle.

Au-delà des blessures physiques, c’est tout leur équilibre de vie qui a volé en éclats. « Je me suis éloignée de mes amis, je ne suis plus avec mon conjoint, je n’ai pas de travail », énumère Hélène, la voix brisée par l’émotion. Son collègue Paul, 37 ans, a bien cru voir sa dernière heure arriver. Opéré en urgence, plongé dans le coma, il a réchappé de peu à de profonds coups de hachoir au crâne. « J’ai perdu mon insouciance, ça a cassé quelque chose en moi », résume-t-il, le visage agité de tics nerveux.

Le difficile chemin de la reconstruction

Depuis ce funeste jour de septembre, le quotidien d’Hélène et Paul n’est plus qu’un douloureux chemin de croix, entre rééducation, suivi psychologique et tentatives de retrouver une vie normale. « Le moindre geste est douloureux, me laver les dents, rire, manger. J’ai l’impression qu’on m’a privée de mon corps », décrit Hélène. Les séquelles physiques, aussi invalidantes soient-elles, ne sont rien à côté du traumatisme psychique qui les hante.

« L’enjeu c’est de cohabiter avec ce traumatisme. Ça fait partie de moi et ça doit devenir une force »

Paul, victime de l’attaque au hachoir

Se reconstruire après un tel drame relève d’un véritable parcours du combattant qui nécessitera des années de patience et de résilience. Le procès en cours de leurs agresseurs ravive des plaies encore à vif. Face au box des accusés, Hélène et Paul tentent de mettre des mots sur l’indicible. Un face à face douloureux mais nécessaire pour enfin tourner la page.

Une liberté d’expression au prix du sang

Si Hélène et Paul ont payé un lourd tribut, c’est aussi la liberté d’expression et de la presse qui s’est retrouvée une nouvelle fois dans le viseur du terrorisme. En republiant les caricatures de Mahomet qui en avaient fait une cible des jihadistes en 2015, Charlie Hebdo s’exposait à de nouvelles représailles sanglantes.

« Évidemment que la liberté d’expression est importante, mais est-ce que ça doit prendre le dessus sur le discernement? Eux, ils étaient protégés quand ils ont pris la décision de publier à nouveau les caricatures, pas nous… »

Paul, victime collatérale de l’attaque de Charlie Hebdo

Un choix éditorial lourd de conséquences qui n’est pas sans soulever certaines interrogations chez les victimes collatérales de cet engagement.

Zaheer Mahmood, visage de la terreur

Sur le banc des accusés, Zaheer Mahmood, 29 ans, semble bien loin de l’assaillant déchaîné du 25 septembre 2020. D’un « pardon » timide adressé à ses victimes à l’ouverture de son procès, cet homme originaire du Pakistan tente d’expliquer son geste comme une réponse aux « blasphèmes » de Charlie Hebdo envers l’islam. Une justification qui a du mal à convaincre Hélène et Paul, déterminés néanmoins à ne pas céder à la haine.

« Envers lui, je ne ressens pas de haine parce que la haine, le ressentiment, ça vous ronge de l’intérieur et je souffre déjà assez. »

Paul, refusant de pardonner à son agresseur malgré tout.

Un long chemin de guérison et de résilience attend encore les deux victimes de cet énième attentat qui a endeuillé la France. Mais en venant courageusement témoigner devant la justice, en livrant publiquement leurs blessures intimes, Hélène et Paul réalisent déjà un premier pas salvateur pour transcender leur statut de victime et reprendre le contrôle de leur destin brisé. La liberté d’expression est à ce prix. Un combat de tous les instants pour que plus jamais la terreur et la censure ne fassent taire les voix discordantes.

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