Aux Comores, les élections législatives qui se sont déroulées dimanche se terminent dans un climat de vives tensions. Alors que la Commission électorale a commencé à publier des résultats partiels donnant une large avance aux candidats du pouvoir, l’opposition conteste avec virulence la régularité du scrutin. Elle dénonce des fraudes massives et un bourrage des urnes dans de nombreux bureaux de vote.
Une opposition vent debout contre les premiers résultats
Dès lundi, un leader de l’opposition, Daoud Abdallah Mohamed, a rejeté sans appel les résultats annoncés par la Commission électorale. Selon lui, le scrutin a été entaché d’irrégularités à grande échelle :
L’élection était émaillée de fraudes grossières, de bourrages d’urnes, dans plusieurs bureaux il y avait plus de votants que d’inscrits.
Daoud Abdallah Mohamed, leader de l’opposition
Sur l’île d’Anjouan, la Commission électorale a déclaré élus dès le premier tour les 12 candidats de la formation au pouvoir, la Convention pour le Renouveau des Comores, avec des scores allant de 60 à 100% des voix. Des résultats jugés suspects par des observateurs, au vu de la faible affluence constatée dans certains bureaux.
Le pouvoir assume sa victoire, l’opposition veut boycotter la suite
Face aux accusations de fraude, le président Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016, les a balayées d’un revers de main. Il a appelé l’opposition à apporter des preuves de ses allégations. Dans le même temps, il s’est empressé de « féliciter les deux députés élus » dans la capitale Moroni, quelques heures à peine après la fermeture des bureaux.
En réaction, une coalition de partis d’opposition a annoncé qu’elle boycotterait les prochaines échéances électorales, à savoir le second tour des législatives et les élections communales prévues le 16 février. Le fossé se creuse entre pouvoir et opposition, faisant craindre une nouvelle crise politique dans l’archipel.
Un scrutin sous haute tension marqué par une forte abstention
Ces élections législatives intervenaient dans un contexte déjà tendu. Une grande partie de l’opposition avait choisi le boycott, redoutant des manipulations. Et de fait, la participation s’est avérée très faible à Anjouan et Mohéli, seule l’île de Grande Comore enregistrant un taux de votants plus élevé.
Le déroulement du vote lui-même a été émaillé de nombreuses irrégularités et dysfonctionnements, alimentant la suspicion :
- Affluence très faible dans certains bureaux contrastant avec un remplissage rapide des urnes
- Absence de réels choix dans plusieurs circonscriptions, avec des candidatures uniques du pouvoir
- Défaut de transparence et manque de moyens de la Commission électorale
Vers une crise politique durable aux Comores ?
Au-delà des contestations sur la régularité du scrutin, ces législatives révèlent surtout la profonde fracture entre le camp présidentiel et l’opposition. En boycottant le vote puis en rejetant les résultats, les opposants radicalisent leur position. Le pouvoir, lui, semble déterminé à asseoir la légitimité de sa victoire, sans se soucier d’ouvrir le dialogue.
Tous les ingrédients semblent réunis pour une crise politique durable aux Comores. Dans ce petit archipel pauvre de l’océan Indien, la stabilité et la démocratie restent fragiles, régulièrement mises à mal par les rivalités de pouvoir et les contestations électorales. Les jours et semaines à venir s’annoncent une nouvelle fois sous haute tension.