C’est un ultimatum en bonne et due forme. Alors que le gouvernement Bayrou s’apprête à présenter sa feuille de route devant le Parlement, Les Républicains (LR) montent au créneau. Le message est clair : pas question de signer un chèque en blanc à l’exécutif. La droite pose ses conditions et menace même de retirer ses ministres de la majorité présidentielle.
Réduire la dépense publique, le credo de LR
Le nerf de la guerre, c’est l’argent public. LR refuse catégoriquement toute hausse d’impôts qui viendrait plomber le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises, déjà mis à mal par la crise. Au contraire, le parti de droite exige des coupes franches dans les dépenses de l’État.
Il est urgent d’agir sans attendre que l’on soit en faillite.
Valérie Pécresse, Présidente LR de la région Île-de-France
Pour LR, il faut tailler dans le mille-feuille administratif, chasser les doublons et réduire le train de vie de l’État. Un programme qui tranche avec les promesses de « renaissance » du gouvernement qui devra jongler entre relance et rigueur.
Pas touche aux retraites
Autre ligne rouge pour la droite : la réforme des retraites. Reporter ou édulcorer ce texte emblématique serait perçu comme une trahison par une partie des troupes LR. Certains, comme Valérie Pécresse, agitent même le spectre d’un retrait des ministres de droite en cas de reculade. Un scénario cauchemardesque pour Matignon qui a besoin du soutien de sa droite pour gouverner.
Mais la fronde n’est pas unanime chez LR. Des ténors comme Bruno Retailleau, patron des sénateurs, ou Annie Genevard, vice-présidente de l’Assemblée, défendent mordicus leur participation à l’exécutif. Un moyen selon eux de peser sur les orientations du gouvernement de l’intérieur. Une position pragmatique mais périlleuse qui divise la droite.
Un coup de poker risqué
En haussant le ton, LR espère faire plier l’exécutif et arracher des gages sur sa politique économique et sociale. Mais c’est aussi un coup de poker risqué. En cas d’échec, le parti pourrait apparaître affaibli et décrédibilisé, pris en étau entre une majorité hostile et une extrême droite revigorée.
François Bayrou joue lui aussi gros dans cette partie d’échecs. En lâchant trop de lest à sa droite, il risquerait de braquer son aile gauche et de perdre le soutien de précieux alliés centristes. Mais en restant droit dans ses bottes, il pourrait précipiter l’éclatement de sa majorité. Un casse-tête politique qui s’annonce décisif pour la suite du quinquennat.