L’annonce a fait l’effet d’une bombe ce dimanche matin à Kinshasa. Selon l’armée de la République Démocratique du Congo, une tentative de coup d’État impliquant des “étrangers et des Congolais” aurait été déjouée de justesse. Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de cet événement qui secoue la RDC.
Une tentative de coup d’État “étouffée dans l’œuf”
C’est le porte-parole des Forces armées de RDC, le général Sylvain Ekenge, qui a fait cette déclaration choc à la télévision nationale. Selon lui, cette tentative de putsch a été “étouffée dans l’œuf” par les forces de défense et de sécurité. Tous les protagonistes, y compris leur chef, auraient été “mis hors d’état de nuire”.
La population est appelée à vaquer librement et tranquillement à ses occupations.
Général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée de RDC
Malgré ces propos se voulant rassurants, l’inquiétude et les interrogations demeurent. Qui sont ces mystérieux “étrangers” impliqués ? Quel était leur objectif ? Et surtout, comment une telle opération a-t-elle pu être montée au cœur même de la capitale ?
Une attaque près des lieux de pouvoir
Quelques heures avant l’annonce officielle, des tirs nourris avaient en effet retenti non loin du “Palais de la Nation”, qui abrite les bureaux du président Félix Tshisekedi. Plus précisément, c’est la résidence du ministre de l’Économie, Vital Kamerhe, située dans le quartier huppé de la Gombe, qui semble avoir été visée.
- Deux policiers et un assaillant tués lors de l’attaque (source diplomatique)
- Vital Kamerhe indemne
- Quartier bouclé, forte présence militaire
Si ces informations se confirment, cela signifierait que les putschistes présumés ont réussi à s’approcher au plus près des centres névralgiques du pouvoir. Un scénario inquiétant qui soulève de nombreuses questions sur la sécurité et la stabilité du régime en place.
De nombreuses zones d’ombre
Pour l’heure, l’armée reste très discrète sur les détails de cette tentative de coup d’État avortée. Aucune information n’a filtré sur l’identité ou la nationalité des personnes impliquées, pas plus que sur leur mobile. S’agit-il d’opposants au président Tshisekedi ? De membres de l’ancien régime ? Ou encore de mercenaires étrangers, comme le laisse entendre le communiqué officiel ?
Autre point troublant : la rapidité avec laquelle les autorités affirment avoir déjoué ce putsch. Cela peut être vu comme un signe de l’efficacité des services de sécurité… Ou au contraire faire naître le doute d’une mise en scène destinée à des fins politiques. Certains observateurs n’excluent pas cette hypothèse dans le contexte tendu que traverse actuellement la RDC.
Un pays sous haute tension
Il faut en effet rappeler que la RDC est confrontée depuis plusieurs mois à une grave crise sécuritaire, notamment dans sa partie Est où des groupes armés sèment la terreur. Des violences qui ont déjà fait des milliers de morts et de déplacés. Dans le même temps, les relations avec le voisin rwandais n’ont cessé de se dégrader, Kinshasa accusant Kigali de soutenir la rébellion du M23.
Une guerre avec le Rwanda est possible.
Félix Tshisekedi, président de la RDC, dans une interview au Figaro en juin
C’est dans ce contexte explosif que survient cette énigmatique tentative de coup d’État. Si elle venait à se confirmer, elle ne ferait qu’accroître la pression sur le président Tshisekedi, déjà confronté à de nombreux défis. Mais pour l’instant, le mystère reste entier sur cet épisode aussi bref que troublant de l’histoire agitée de la RDC.
