L’attaque meurtrière contre une ambulance de Médecins Sans Frontières (MSF) au Darfour a suscité l’indignation de l’ONG humanitaire. La région, en proie à de violents combats depuis des mois, voit sa situation humanitaire se détériorer dangereusement. Vendredi dernier, le drame a frappé.
Une ambulance prise pour cible
Alors qu’elle transportait une femme sur le point d’accoucher depuis le camp de déplacés de Zamzam vers l’hôpital, l’ambulance clairement identifiée par les logos de MSF a essuyé des tirs. Un inconnu a ouvert le feu, tuant l’un des accompagnants de la patiente. Un acte qualifié d' »attaque méprisable » par l’ONG dans un communiqué.
Cette attaque n’est malheureusement pas un cas isolé. Moins d’un mois auparavant, une autre ambulance de MSF avait déjà été visée à El-Facher, la capitale du Darfour-Nord. La ville, épicentre d’affrontements acharnés entre paramilitaires et armée régulière, voit ses infrastructures de santé s’effondrer les unes après les autres.
Des hôpitaux sous le feu des combats
Les attaques répétées visant les structures médicales et les soignants ont contraint la quasi-totalité des hôpitaux de la région à fermer leurs portes. Seul l’hôpital saoudien d’El-Facher maintient encore une capacité chirurgicale opérationnelle, devenant le dernier recours pour les blessés et les femmes nécessitant une césarienne d’urgence comme la patiente de l’ambulance attaquée.
À l’échelle du pays, ce sont jusqu’à 80% des établissements de santé qui seraient hors-service selon les chiffres officiels. MSF, l’une des rares organisations encore présentes malgré les risques, a dû suspendre ses activités à l’hôpital Bashair de Khartoum, privant la population des derniers soins gratuits dans le sud de la capitale.
Le spectre de la famine
Au-delà des combats, c’est une véritable crise humanitaire qui s’abat sur le Darfour. La famine sévit déjà dans trois camps de déplacés – Zamzam, Abu Chouk et al-Salam. D’ici mai, elle pourrait s’étendre à cinq zones supplémentaires dont la ville d’El-Facher elle-même selon l’ONU.
Les habitants sont pris entre les tirs croisés des belligérants et le manque criant de nourriture et de soins. Leur survie est en jeu.
– Un travailleur humanitaire sur place
Depuis le début de la guerre entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) en avril 2023 :
- Des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie
- Plus de 12 millions d’habitants ont été déracinés
- Des millions sont au bord de la famine
Face à l’escalade des violences et au délitement des services essentiels, l’avenir des populations civiles du Darfour paraît plus que jamais incertain. Sans un cessez-le-feu durable et un accès humanitaire sécurisé, combien d’autres ambulances seront prises pour cible ? Combien de vies seront encore perdues dans l’indifférence ? La communauté internationale saura-t-elle réagir à temps pour éviter le pire ?
