Dans un contexte de changement politique majeur, la Syrie reste confrontée à de nombreux défis sécuritaires, comme l’illustre la récente tentative d’attentat contre le mausolée de Sayyeda Zeinab, au sud de Damas. Selon une source des renseignements syriens citée par l’agence officielle Sana, les forces de sécurité ont « réussi à déjouer une tentative de l’EI de commettre un attentat à la bombe à l’intérieur du mausolée », un site révéré par les chiites.
Plusieurs personnes arrêtées près de Damas
Les nouvelles autorités syriennes, arrivées au pouvoir après le renversement du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier par une coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont rapidement communiqué sur cette opération antiterroriste. Le ministère de l’Intérieur a publié des photos de quatre individus présentés comme des « membres de la cellule » de l’EI, précisant que les forces de sécurité avaient « pris d’assaut leur cachette » près de la capitale syrienne.
Sur les clichés diffusés, on peut voir les suspects, les mains attachées dans le dos, entourés d’armes, de matériel militaire, de papiers d’identité appartenant à deux Libanais et un réfugié palestinien résidant au Liban, ainsi que ce qui semble être trois engins explosifs, des grenades, des téléphones portables et de l’argent liquide. Ces éléments suggèrent une préparation minutieuse de cet attentat, potentiellement coordonné depuis l’étranger.
Le mausolée de Sayyeda Zeinab, cible symbolique
Le choix de la cible n’est pas anodin. Avec sa mosquée aux céramiques turquoise et à la coupole d’or dans le style iranien, le complexe de Sayyeda Zeinab est un haut lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites. Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, il était défendu par des miliciens chiites pro-iraniens aux côtés de l’armée du régime Assad. Son importance symbolique en fait une cible de choix pour les groupes jihadistes sunnites comme l’EI.
D’ailleurs, l’organisation terroriste avait revendiqué plusieurs attentats meurtriers dans cette zone, dont une attaque à l’engin explosif le 27 juillet 2023 qui avait fait au moins six morts et plus de 20 blessés près du sanctuaire, selon les autorités du pouvoir déchu. Cette nouvelle tentative déjouée montre que malgré la chute du régime, la menace jihadiste persiste.
Le nouveau pouvoir face au défi sécuritaire
En prenant le contrôle de Damas, la coalition rebelle a rapidement déployé des forces pour sécuriser le complexe de Sayyeda Zeinab après le retrait des miliciens chiites. Le nouveau pouvoir sunnite, soucieux d’envoyer des signaux positifs à la communauté internationale en matière de protection des minorités, semble déterminé à prévenir de tels attentats.
Cependant, les défis sécuritaires restent immenses dans un pays morcelé par plus de 13 ans de conflit. Si l’EI a été défait territorialement en Syrie en 2019, le groupe maintient des cellules clandestines actives, notamment dans le désert syrien. Sa capacité de nuisance, comme le montre cette tentative, ne doit pas être sous-estimée.
Consolider la sécurité, un enjeu majeur pour la Syrie post-Assad
Au-delà de la protection des minorités et des lieux saints, assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire sera un test majeur pour le nouveau régime. Cela impliquera non seulement de poursuivre la lutte antiterroriste contre les cellules de l’EI et autres groupes extrémistes, mais aussi de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité.
La reconstruction, la réconciliation nationale et le rétablissement de services publics efficaces seront essentiels pour éviter l’émergence de nouveaux foyers insurrectionnels. La communauté internationale aura également un rôle à jouer pour épauler les nouvelles autorités dans cette tâche titanesque, alors que le pays est exsangue après plus d’une décennie de guerre.
En déjouant cet attentat contre le mausolée de Sayyeda Zeinab, les forces de sécurité syriennes ont remporté une victoire importante, mais qui reste fragile. De nombreux défis attendent encore le nouveau pouvoir pour ramener une paix durable dans ce pays meurtri. La route sera longue, mais chaque pas compte.