En ce mois de juin 2024, alors que le monde commémore le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, un invité surprenant s’impose sur les plages du Débarquement aux côtés des dirigeants occidentaux : l’Ukraine et son président Volodymyr Zelensky. Quel parallèle peut-on dresser entre la lutte héroïque du peuple ukrainien face à l’invasion russe et les événements de 1944 ? Pourquoi la Russie a-t-elle été exclue de ces cérémonies mémorielles ? Décryptage de ce rendez-vous historique chargé de symboles.
L’Ukraine, invitée surprise du 80e anniversaire du Jour J
Alors qu’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus pour commémorer le débarquement des alliés du 6 juin 1944, c’est l’Ukraine qui s’impose comme l’invité vedette de ces cérémonies. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, aux côtés de Joe Biden. L’occasion pour les dirigeants occidentaux de réaffirmer leur soutien indéfectible à Kiev dans sa lutte contre l’agression russe.
Les commémorations font écho à tous les combats de peuples et de nations qui aujourd’hui encore luttent pour exercer leur souveraineté et leur liberté contre l’oppression et la haine.
– Source à l’Élysée
En associant étroitement l’Ukraine à cet anniversaire symbolique, les alliés veulent souligner le parallèle entre la résistance ukrainienne et la lutte contre le nazisme il y a 80 ans. Une manière de légitimer l’aide militaire et financière apportée à Kiev et d’ancrer le conflit dans une perspective historique.
La Russie, grande absente des commémorations
Contrairement aux précédentes cérémonies du Débarquement, aucune délégation russe, même de bas niveau, n’a été conviée cette année. Un choix assumé par l’Élysée qui estime que «les conditions ne sont pas réunies» au vu de l’invasion de l’Ukraine et de «la guerre menée par la Russie».
Pourtant, la décision ne fut pas aisée. La France souhaitait initialement inviter la Russie «pour honorer l’engagement et le sacrifice des peuples soviétiques» pendant la Seconde Guerre mondiale, qui ont payé un lourd tribut face au nazisme. Mais plusieurs facteurs ont conduit à leur exclusion :
- Les crimes de guerre perpétrés par l’armée russe en Ukraine.
- Les menaces, y compris nucléaires, brandies par Vladimir Poutine contre les pays occidentaux.
- Le révisionnisme historique du régime russe qui instrumentalise la victoire de 1945.
- L’opposition de Volodymyr Zelensky à la présence de représentants russes.
Honorer la mémoire de tous les peuples soviétiques
Si la Russie est persona non grata, l’Élysée tient tout de même à rendre hommage à «l’engagement et au sacrifice des peuples soviétiques» dans leur ensemble. Car contrairement à une idée reçue, l’essentiel des pertes sur le front de l’Est furent ukrainiennes et biélorusses, bien plus que russes. Ne pas les associer aux commémorations serait injuste.
Placer la mémoire de tous les soldats de l’Armée rouge sous la tutelle du chef du Kremlin serait faire de la Russie l’unique héritière de la lutte contre le nazisme. Un contresens historique.
– Tribune collective d’historiens dans Le Monde
En accueillant Zelensky en Normandie, la France et ses alliés veulent ainsi honorer la bravoure de tous ces peuples qui luttent encore aujourd’hui pour leur liberté, dans la continuité des idéaux portés par le Débarquement il y a 80 ans. Un message fort à l’heure où l’histoire semble se répéter aux portes de l’Europe.