C’est une mesure très attendue par les motards qui entre en vigueur dès ce samedi en France : la circulation interfiles est désormais autorisée sur tout le territoire. Finie la tolérance au cas par cas, place à un cadre légal clair pour tous les deux-roues motorisés. Mais attention, cette pratique reste soumise à des règles strictes pour garantir la sécurité de tous. Voici tout ce qu’il faut savoir pour circuler sereinement entre les files de voitures.
La circulation interfiles, c’est quoi exactement ?
La circulation interfiles consiste pour les motos et scooters à remonter les files de véhicules en passant entre eux, lorsque le trafic est ralenti ou à l’arrêt. Une pratique répandue chez les motards pour gagner du temps, surtout en ville et dans les embouteillages. Jusqu’à présent tolérée dans certaines zones après des expérimentations concluantes, elle est maintenant généralisée et encadrée au niveau national.
Où peut-on pratiquer l’interfile en toute légalité ?
D’après le décret publié au Journal officiel, la circulation interfiles est autorisée :
- Sur les autoroutes et routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central
- Sur les routes comportant au moins deux voies de circulation dans le même sens
- Lorsque la vitesse maximale autorisée est comprise entre 70 km/h et 130 km/h
Elle est également permise sur les voies où la vitesse a été abaissée temporairement, comme sur le périphérique parisien désormais limité à 50 km/h.
Quelles sont les conditions à respecter ?
Si l’interfile apporte une plus grande liberté aux motards, elle n’est pas sans contrepartie. Pour la sécurité de tous, plusieurs règles sont à suivre impérativement :
- Vitesse limitée à 50 km/h maximum, et même 30 km/h si une des files est à l’arrêt
- Écart de vitesse avec les autres véhicules ne devant pas excéder 30 km/h
- Obligation de reprendre sa place dans les voies quand le trafic se fluidifie
- Interdiction de forcer le passage ou de rouler sur les bandes d’arrêt d’urgence
La pratique de l’interfile nécessite une vigilance accrue et une grande maîtrise de son deux-roues. Les motards doivent adapter leur vitesse et anticiper les mouvements des autres usagers.
Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière
Quelles sanctions en cas d’infraction ?
Si ces règles ne sont pas respectées, les motards s’exposent à une contravention de 4e classe, soit une amende forfaitaire de 135€ et un retrait de 3 points sur le permis de conduire. Les forces de l’ordre pourront verbaliser les contrevenants, y compris grâce à la vidéoverbalisation.
Une mesure saluée par les associations de motards
Du côté des fédérations de motards, on se félicite de cette décision qui donne un cadre légal à une pratique ancrée dans les habitudes. Selon Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC Paris :
Cela fait au moins 70 ans que l’on pratique l’interfile, depuis qu’il y a des bouchons ! C’est une mesure de bon sens qui permet de fluidifier le trafic et d’assurer une meilleure sécurité des deux-roues motorisés.
Une satisfaction partagée par la plupart des motards, même si certains auraient souhaité moins de restrictions. Avec 12 millions de trajets interfiles par jour en France selon les estimations, nul doute que cette mesure va changer la donne. Mais la prudence reste de mise des deux côtés : les motards doivent faire preuve de civisme et les automobilistes d’une vigilance accrue. Comme le résument les pouvoirs publics, l’objectif est de « partager la route » en bonne intelligence !