C’est un événement mode inédit qui se tient actuellement à Paris : le célèbre duo italien Dolce&Gabbana investit pour la première fois la capitale française avec une exposition spectaculaire au Grand Palais. Baptisée « Du cœur à la main », cette rétrospective dévoilée jeudi 2 février rassemble plus de 200 créations haute couture – robes, bijoux, vêtements d’intérieur – rendant hommage au savoir-faire artisanal transalpin.
Un voyage au cœur des influences du duo italien
Déployée jusqu’au 31 mars dans un Grand Palais récemment rénové, l’exposition propose un parcours immersif à travers les multiples sources d’inspiration de Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Chacune des dix salles dévoile une facette de leur univers créatif, avec une scénographie toujours plus somptueuse.
De la Renaissance italienne, avec un espace rendant hommage au palais Farnèse, aux références antiques romaines et byzantines, en passant par la dévotion religieuse ou encore l’exubérance colorée des fêtes populaires siciliennes, les influences sont aussi variées que riches. Le cinéma n’est pas en reste, à l’image d’une salle entière consacrée au film « Le Guépard » de Luchino Visconti.
Milan à l’honneur
Déjà présentée à Milan l’an dernier où elle avait fait sensation, « Du cœur à la main » constitue désormais la carte de visite parisienne de Dolce&Gabbana. Un choix symbolique pour la griffe qui n’a encore jamais défilé dans la Ville Lumière.
Les visiteurs pourront d’ailleurs découvrir au sein de l’exposition une reproduction fidèle de l’atelier milanais de la marque. Jeudi, lors de l’inauguration, des petites mains de la maison y étaient à l’œuvre, occupées à coudre de somptueuses robes sous les yeux du public.
La haute couture à l’honneur
Comme le souligne Florence Müller, la commissaire de l’exposition, c’est aussi la première fois que Dolce&Gabbana « révèle sa haute couture » au grand public. Leurs défilés « Alta Moda », toujours organisés dans des lieux emblématiques du patrimoine italien, sont en effet devenus au fil des ans l’un des événements les plus exclusifs de la planète mode.
C’était des collections qui étaient présentées jusqu’à présent de façon plutôt confidentielle, réservées aux clients de la haute couture, et qu’ils ont décidé maintenant de montrer au grand public.
Florence Müller, commissaire de l’exposition
Certaines des pièces exposées sont même des modèles uniques, à l’image d’une veste d’homme et d’une ample jupe ornées d’une « Madone » de Raphaël brodée de lapis-lazuli. Ou encore de ce sweat-shirt reproduisant en soie et coton le célèbre « Portrait d’un musicien » peint par Léonard de Vinci en 1485.
Un voyage dans le temps et l’espace
À mesure que l’on progresse dans l’exposition, c’est un véritable voyage spatio-temporel qui se dessine. L’Antiquité gréco-romaine est convoquée à travers des capes et robes aux imprimés géométriques, réinventées dans l’esprit des péplums hollywoodiens.
Plus loin, c’est la ferveur religieuse qui s’exprime dans une salle consacrée à la dévotion catholique. Dominée par un immense cœur sacré doré, digne des représentations baroques, elle accueille notamment une majestueuse cape de dentelle noire rebrodée de fils d’or et de sequins.
Les robes renvoient au décor et vice-versa.
Florence Müller
Un succès qui ne se dément pas
Pour Dolce&Gabbana, cette exposition parisienne intervient dans un contexte porteur. La griffe vient en effet d’annoncer une croissance de 17% de son chiffre d’affaires annuel, à 1,871 milliard d’euros. Un dynamisme qu’elle doit notamment au succès de ses collections célébrant l’artisanat et les traditions italiennes.
Selon des sources proches de l’entreprise, Dolce&Gabbana envisagerait désormais une possible introduction en Bourse, comme l’évoquait en juillet dernier Alfonso Dolce, président de la société et frère du créateur Domenico Dolce. Preuve que près de 40 ans après ses débuts, la marque n’a pas fini de faire parler d’elle.