Dans la nuit du 19 juin 2022, les quais de Saône à Lyon ont été le théâtre d’un viol d’une rare violence. Un homme de 32 ans, ressortissant algérien, a agressé sexuellement une jeune femme qui rentrait de boîte de nuit. Mais ce qui rend cette affaire particulièrement choquante, c’est que la scène a été filmée et diffusée sur Snapchat par un groupe de témoins.
Un viol brutal capturé par des témoins
Selon les éléments de l’enquête, l’agresseur a d’abord volé le téléphone de sa victime avant de la poursuivre jusqu’aux berges de la Saône. Là, il l’a fait chuter au sol avant de la menacer avec un tesson de bouteille pour lui imposer des actes sexuels. Pendant ce temps, un groupe de jeunes situés sur l’autre rive filmait la scène et la partageait sur Snapchat, sans intervenir.
Heureusement, un riverain témoin des faits a eu le réflexe de prendre des photos comme preuves et de prévenir la police. Cela a permis l’interpellation rapide du violeur par une patrouille qui se trouvait dans le secteur. L’homme, alcoolisé et sous l’emprise de la cocaïne au moment des faits, a tenté de prendre la fuite dans le Vieux-Lyon avant d’être rattrapé.
Le choc des images diffusées sur les réseaux
Au-delà de l’horreur des faits, c’est la diffusion des images du viol sur Snapchat qui a profondément choqué. Les vidéos montrant la victime prostrée et son agresseur en action ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant l’indignation. Beaucoup se sont insurgés contre le comportement des témoins qui ont préféré filmer plutôt que d’intervenir ou d’appeler à l’aide.
Ils ont dit des choses gravissimes, n’ayant rien vu mais se permettant d’interpréter que ma cliente était consentante car elle courait après son agresseur et d’évoquer un acte de prostitution.
– Me Bénédicte Del Vecchio-Zinsch, avocate de la victime
Lors du procès, la défense a tenté de faire passer les faits pour une relation tarifée qui aurait mal tourné, s’appuyant sur les déclarations des jeunes témoins. Mais les images attestent clairement de l’absence de consentement de la jeune femme et du caractère violent de l’agression.
8 ans de prison pour le violeur
Près de deux ans après les faits, la cour d’assises de Lyon a finalement condamné l’agresseur à une peine de 8 ans de réclusion criminelle, assortie d’une interdiction définitive du territoire français. Une altération de son discernement, due à des troubles psychiatriques et à un “parcours traumatique” lors de la guerre civile algérienne, a été retenue.
Un verdict qui apporte une forme de soulagement à la victime et à ses proches, même si le traumatisme perdure. Cette affaire met en lumière les dérives liées à l’usage des réseaux sociaux, certains n’hésitant pas à se faire “spectateurs” d’un crime plutôt que d’agir. Elle souligne aussi l’importance du rôle des témoins dans la résolution des affaires de violences sexuelles.
Espérons que la condamnation de ce violeur serve d’exemple et de rappel que filmer un viol au lieu de s’interposer fait de nous des complices passifs. Dans ce genre de situation, chaque seconde compte pour la victime. Plutôt que de sortir les smartphones, mieux vaut alerter rapidement les secours qui eux pourront intervenir et recueillir les preuves nécessaires.