Mardi soir, le centre-ville de Lyon a été le théâtre de vives tensions suite à l’annonce du décès de Jean-Marie Le Pen, figure emblématique de l’extrême droite française. Selon nos informations, sept personnes ont été interpellées au cours de la soirée après des affrontements avec les forces de l’ordre.
Des rassemblements anti-Le Pen qui dégénèrent
Dès l’annonce de la mort de l’ancien leader du Front National en début de soirée, des appels à manifester ont circulé sur les réseaux sociaux, émanant principalement de mouvements d’ultragauche. Rapidement, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de Lyon, scandant des slogans antifascistes et tirant des feux d’artifice.
Mais la situation a vite dégénéré. D’après un communiqué de la préfecture du Rhône, «un attroupement s’est reformé après la dispersion de la manifestation vers 21h00». C’est alors que des poubelles ont été incendiées et des projectiles lancés en direction des forces de l’ordre présentes pour encadrer le rassemblement.
Sept interpellations dans la soirée
Face à ces débordements, la police a procédé à sept interpellations entre 22h et 22h30 pour participation à un groupement en vue de commettre des violences et dégradations volontaires par incendie. Les individus interpellés, dont le profil n’a pas été communiqué, ont été placés en garde à vue.
Ces incidents font écho à des scènes similaires observées dans d’autres villes de France comme Paris ou Rennes, où des centaines d’opposants à Jean-Marie Le Pen se sont aussi rassemblés mardi soir.
Rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre.
Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur
Des réactions politiques contrastées
Du côté du gouvernement, ces débordements ont été fermement condamnés. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fustigé sur Twitter des «scènes de liesse honteuses», estimant que «la mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité».
À l’inverse, la députée LFI Mathilde Panot a refusé de condamner ces manifestations, affirmant qu’il ne faut «pas être choqué par cette jeunesse qui continue d’emmerder le Front National» et que «personne ne danse sur un cadavre». Des propos qui ont suscité l’indignation d’une partie de la classe politique.
Une figure clivante jusqu’au bout
Ces réactions contrastées illustrent à quel point Jean-Marie Le Pen, décédé mardi à 96 ans, reste une personnalité qui divise, y compris dans la mort. Fondateur du Front National en 1972, il a profondément marqué la vie politique française en imposant les thèmes de l’immigration et de l’insécurité dans le débat public.
Habitué des déclarations chocs et des dérapages, notamment ses propos sur les chambres à gaz «point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale» en 1987, il atteint le sommet de sa carrière politique en se qualifiant pour le second tour de la présidentielle de 2002 face à Jacques Chirac.
Mis sur la touche par sa fille Marine Le Pen en 2015, il a peu à peu disparu de la scène politique. Mais son influence idéologique reste prégnante, alors même que le rassemblement national tente de lisser son image pour accéder au pouvoir.
Désormais, ce sera au tribunal de l’Histoire de juger l’héritage politique de Jean-Marie Le Pen. Un héritage évidemment plus que controversé, comme l’ont montré les réactions à sa mort et les manifestations de mardi soir à Lyon et dans d’autres villes. Le parcours d’un homme et d’un parti qui auront marqué durablement la Ve République.