C’est une bouffée d’oxygène que viennent d’offrir les récentes décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) ! En actant une première baisse de ses taux directeurs depuis plus de deux ans, l’institution monétaire redonne en effet un peu d’air aux ménages et aux entreprises, asphyxiés par la hausse du coût du crédit. Quelles vont être les répercussions concrètes de ce changement de cap ? Tour d’horizon des principaux secteurs impactés.
L’immobilier en première ligne
C’est probablement le marché immobilier qui devrait le plus bénéficier de cet assouplissement monétaire. Le secteur traverse en effet une passe difficile depuis plusieurs mois, pénalisé par la remontée rapide des taux d’intérêt qui a considérablement renchéri le coût des prêts bancaires. Résultat : de nombreux ménages ont dû renoncer ou reporter leurs projets d’achat, faisant chuter les transactions.
Avec la décision de la BCE, les taux des crédits immobiliers devraient mécaniquement baisser dans les prochaines semaines. Pas de quoi relancer massivement le marché, mais suffisamment pour redonner un peu de pouvoir d’achat immobilier aux Français et débloquer certaines situations.
Les taux devraient naturellement un peu baisser, confirme Florence Burdin, directrice du développement des marchés de Crédit agricole SA. Mais il faut relativiser l’impact de cette première baisse qui restera limité au regard de la hausse cumulée de 4,5 % en deux ans.
– Florence Burdin, Crédit Agricole SA
Une tendance déjà amorcée en juin
D’ailleurs, les banques n’ont pas attendu le feu vert de Francfort pour commencer à ajuster leurs grilles tarifaires. Selon les courtiers, les taux ont déjà amorcé une légère décrue en juin, de l’ordre de 0,10 point en moyenne. Et la tendance devrait donc s’accentuer dans les prochaines semaines pour revenir progressivement sous la barre symbolique des 3% sur 15 ans.
Les entreprises aussi concernées
Les ménages ne seront pas les seuls à tirer profit de l’inflexion de la BCE. Les entreprises, elles aussi très impactées par le resserrement du crédit, vont pouvoir bénéficier de conditions de financement plus favorables. Une bonne nouvelle au moment où nombre d’entre elles doivent investir pour accélérer leur transition écologique ou leur digitalisation.
L’évolution des taux devrait ainsi permettre de relancer la machine du crédit aux entreprises, en berne depuis plusieurs mois. Et donc in fine de soutenir l’investissement et la croissance économique, en mal de carburant.
Des effets positifs aussi sur la dette publique
Autre effet collatéral positif : la baisse des taux devrait aussi profiter à la dette publique française. Comme pour les ménages et les entreprises, l’État va en effet pouvoir emprunter à moindre coût pour financer ses dépenses et refinancer les dettes arrivant à échéance. Un coup de pouce bienvenu pour les finances publiques au moment où le gouvernement s’apprête à boucler un budget 2024 sous haute tension.
Pas d’euphorie cependant
Si ce début de normalisation monétaire est une bonne nouvelle, il ne faut cependant pas tomber dans l’euphorie. Les taux réels restent encore élevés et bien supérieurs à ceux pratiqués avant la crise sanitaire. Les ménages et les entreprises devront donc continuer de composer avec un crédit cher pendant encore un certain temps.
Par ailleurs, cette baisse ne résoudra pas les difficultés structurelles rencontrées par certains secteurs. C’est le cas notamment de l’immobilier neuf dont l’offre est au plus bas et qui souffre de la flambée des coûts de construction. La route vers une reprise économique solide et durable est encore longue. Mais cette première inflexion va dans le bon sens pour restaurer un peu de pouvoir d’achat.
