Alors qu’Emmanuel Macron promet de faire « trancher » les Français sur des « sujets déterminants » en 2025, une proposition fait déjà polémique dans le paysage politique : l’organisation d’un référendum sur l’immigration. Portée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et la présidente du groupe RN à l’Assemblée Marine Le Pen, cette idée divise et soulève de nombreuses questions.
Un « bouleversement » sans mot à dire pour les Français ?
Pour Bruno Retailleau, organiser un référendum sur ce sujet est une question de légitimité démocratique. « Il n’y a pas de phénomène qui ait autant bouleversé la société sans que jamais, le peuple français n’ait eu son mot à dire », a-t-il affirmé dans les colonnes du Parisien. Un constat partagé par Marine Le Pen qui y voit l’occasion pour les citoyens de faire entendre leur voix sur un enjeu majeur.
Pourtant, l’idée est loin de faire l’unanimité. De nombreux observateurs pointent les obstacles juridiques à l’organisation d’une telle consultation. La Constitution encadre en effet strictement les domaines pouvant être soumis à référendum, excluant a priori l’immigration. Une révision constitutionnelle serait nécessaire selon Bruno Retailleau, une perspective peu probable.
La « dictature de la majorité » en question
Au-delà des aspects juridiques, c’est la pertinence même d’un référendum sur un tel sujet qui interroge. Pour beaucoup, soumettre la question migratoire au vote populaire reviendrait à cautionner la « dictature de la majorité », faisant fi du respect des droits fondamentaux. Démocratie ne signifie pas la loi du plus grand nombre rappellent les opposants à ce projet.
La droite commet une erreur de taille, celle de croire qu’un appel au peuple est une façon de légitimer tout ce qu’on veut.
Un responsable politique
D’autres estiment au contraire que la question migratoire mérite un vrai débat. Dans un contexte de forte pression migratoire, il serait légitime d’associer les citoyens aux choix à faire en matière de régulation des flux et d’intégration. Un sujet tabou pour certains, une évidence démocratique pour d’autres.
Vers un référendum en 2025 ?
Si un référendum sur l’immigration semble peu probable à court terme vu les obstacles constitutionnels, le débat est loin d’être clos. La pression de l’opposition, mais aussi d’une partie de l’opinion, pourrait inciter Emmanuel Macron à mettre le sujet sur la table dans la perspective de 2025.
Le chef de l’État entend bien utiliser l’arme référendaire pour relégitimer son action et renouer le lien avec les Français. Reste à savoir s’il osera soumettre un sujet aussi clivant et explosif que l’immigration au vote populaire. Quitte à ouvrir la boîte de Pandore.
Un sujet qui cristallise les passions
Une chose est sûre, le débat sur l’immigration continuera d’agiter la classe politique dans les mois à venir. Avec en toile de fond la montée des populismes et la tentation du repli identitaire dans une France en quête de repères. L’exécutif saura-t-il apaiser les peurs et proposer une voie raisonnable entre fermeté et humanité ?
Les partisans d’un référendum, eux, ne désarment pas. Pour Bruno Retailleau comme pour Marine Le Pen, il est plus que temps de redonner la parole au peuple sur un sujet qui touche à l’identité et à l’avenir du pays. Quitte à attiser les tensions dans une société déjà fragmentée.
Ça fait 40 ans que les Français disent qu’il faut moins d’immigration et ça fait 40 ans qu’on continue l’immigration inéluctablement sans jamais prendre en compte leur avis.
Marine Le Pen
Le débat est lancé et promet d’être houleux. Entre postures politiciennes et vrais enjeux de société, les Français devront trancher. Avec en filigrane une question qui déchire : faut-il donner la parole au peuple sur l’immigration, au risque de libérer la parole xénophobe ? Réponse peut-être en 2025. D’ici là, gageons que le sujet déchaînera encore les passions et les fantasmes.