Actualités

Procès de l’attaque au hachoir : l’accusé demande pardon

Le principal accusé de l'attaque au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo a demandé pardon aux victimes lors du premier jour de son procès. Retour sur cette affaire qui a choqué la France...

C’est un procès chargé d’émotion qui s’est ouvert lundi à Paris. Au premier jour du procès de l’attaque à la feuille de boucher devant les anciens locaux du journal satirique Charlie Hebdo en septembre 2020, le principal accusé, Zaheer Mahmood, a demandé « pardon » aux victimes et à leur famille.

L’attaque avait eu lieu le 25 septembre 2020, en plein procès des attentats meurtriers de janvier 2015 ayant ciblé notamment Charlie Hebdo. L’hebdomadaire faisait alors l’objet de nouvelles menaces depuis qu’il avait republié les caricatures de Mahomet qui en avaient fait la cible des jihadistes.

Ce sont des faits vraiment graves. Je demande pardon aux victimes, à leur famille et aux gens à qui j’ai fait mal.

Zaheer Mahmood, principal accusé

Un procès sous haute tension

Le jeune Pakistanais de bientôt 30 ans comparaît avec cinq co-accusés, tous Pakistanais, devant la cour d’assises spéciale des mineurs de Paris pour tentatives d’assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle. Les victimes « ne méritaient pas ça », a-t-il ajouté maladroitement dans un français hésitant, pouvant ainsi laisser entendre qu’elles auraient pu le « mériter » si elles avaient travaillé pour Charlie Hebdo, comme il le pensait à l’époque.

L’ouverture de ce procès coïncide avec le 10e anniversaire de l’attentat jihadiste qui a décimé une partie de la rédaction de l’hebdomadaire. Trois des accusés étaient mineurs au moment des faits. Une demande de huis clos présentée par la défense a été rejetée, la cour arguant que tous les accusés étaient désormais majeurs.

Une attaque préméditée

D’après l’enquête, Zaheer Mahmood est arrivé devant un immeuble de la rue Nicolas-Appert le 25 septembre 2020 vers 11h40, armé d’un hachoir. Il a alors grièvement blessé deux employés de l’agence de presse Premières Lignes qui se trouvaient sous le porche pour fumer. Les deux victimes, une femme de 28 ans et un homme de 32 ans, avaient été touchées au visage.

Arrivé clandestinement en France en 2018, Zaheer Mahmood pensait s’attaquer à des salariés de Charlie Hebdo, ignorant que le journal avait quitté les lieux après l’attentat de 2015. En garde à vue, il avait déclaré : « Ce que j’ai fait, c’est bien. Je me sens mieux. Je considère qu’ils sont bien punis. On ne se moque pas de la religion ».

Dans notre islam, on dit que si quelqu’un insulte ou se moque de notre Prophète, il faut tuer ceux qui l’ont insulté.

Zaheer Mahmood lors de sa garde à vue

Colère face aux caricatures

Aux enquêteurs, Zaheer Mahmood a expliqué son geste par la colère ressentie lors de la nouvelle publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo. Une publication qui avait entraîné des manifestations dans plusieurs pays musulmans, dont le Pakistan où le blasphème est passible de la peine de mort.

Les perquisitions et analyses des téléphones et ordinateurs trouvés chez l’accusé ont permis d’identifier cinq personnes qui l’auraient « motivé et soutenu dans son processus idéologique devenu un engrenage violent ». L’enquête a démontré des contacts réguliers entre eux, avec notamment l’échange de vidéos prônant la décapitation pour les blasphémateurs.

Un procès scruté de près

Ce procès, qui doit durer jusqu’au 24 janvier, est très attendu. Il intervient dans un contexte toujours tendu autour de Charlie Hebdo et de la liberté d’expression. Dix ans après l’attentat qui a décimé sa rédaction, le journal satirique reste une cible pour de nombreux extrémistes à travers le monde.

Le procès devra déterminer les responsabilités de chacun des accusés et faire toute la lumière sur les ramifications de cette attaque, qui rappelle tragiquement que la menace terroriste est toujours présente en France. Les victimes et leurs proches espèrent obtenir justice et comprendre comment un tel drame a pu se produire à nouveau.

Au-delà du sort des accusés, c’est aussi la question du blasphème et de ses conséquences qui sera au cœur des débats. Entre liberté d’expression et respect des croyances, l’équilibre reste fragile et source de vives tensions. Ce procès est l’occasion d’un nécessaire dialogue sur ces enjeux fondamentaux qui divisent nos sociétés.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.