Depuis près de deux ans, les torréfacteurs de café font face à une situation inédite. Les cours mondiaux de l’or noir s’envolent, mettant en péril la pérennité de nombreux acteurs du secteur. Derrière cette flambée des prix, un phénomène jusqu’alors peu visible sur ce marché : la spéculation financière.
L’arabica et le robusta sous haute tension
Si la volatilité des cours du café n’est pas un phénomène nouveau, son ampleur actuelle interpelle. En l’espace de deux ans seulement, le prix de la variété robusta a explosé de 200%, atteignant des sommets à près de 4400 dollars la tonne. Même constat pour l’arabica, dont les prix se sont envolés de 75% en un an.
Traditionnellement, ces variations s’expliquent par les aléas climatiques impactant les récoltes. Mais désormais, un autre facteur entre en jeu et bouleverse les équilibres : l’intervention massive de fonds d’investissement spéculatifs.
Des fonds spéculatifs qui amplifient la volatilité
Attirés par les perspectives de rendement sur un marché jusqu’ici épargné, ces fonds misent sur la hausse ou la baisse future des cours. Leurs interventions massives amplifient considérablement la volatilité des prix, reléguant au second plan les fondamentaux de l’offre et de la demande.
Ce n’est pas une petite histoire pour nous à gérer, le sujet est énorme.
– Giuseppe Lavazza, président du torréfacteur italien Lavazza
Un défi majeur pour les torréfacteurs
Pour les industriels du café, cette situation représente un véritable casse-tête. La matière première représente en effet 60 à 75% de leurs coûts de production. Face à la flambée des cours, ils doivent répercuter ces hausses sur leurs prix de vente, au risque de voir leurs marges s’effondrer.
Mais au-delà de l’aspect financier, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qui est fragilisée. Avec une telle volatilité, sécuriser ses achats de café sur le long terme relève de la gageure. Les contrats à terme, outils traditionnels de couverture, peinent à jouer leur rôle face aux à-coups spéculatifs.
Vers une pénurie de café ?
Si la situation perdure, c’est la disponibilité même du café qui pourrait être remise en question. Déstabilisés par un marché devenu imprévisible, producteurs et négociants pourraient être tentés de se détourner de cette culture. À terme, le spectre d’une pénurie plane, menaçant un secteur déjà sous tension.
Face à ce défi, les torréfacteurs explorent des pistes pour sécuriser leur approvisionnement. Certains misent sur des partenariats renforcés avec les planteurs, d’autres sur la diversification de leurs sources. Mais tous s’accordent sur un point : sans une régulation des marchés financiers, l’avenir du café reste plus que jamais incertain.