C’est une triste nouvelle qui secoue le monde de l’art contemporain. Benjamin Vautier, plus connu sous le pseudonyme de Ben, a été retrouvé sans vie ce lundi 5 juin 2024 à son domicile niçois. Âgé de 88 ans, celui qui avait fait de l’écriture son médium de prédilection laisse derrière lui une œuvre foisonnante et dérangeante, à l’image de sa personnalité hors norme. La police a ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de son décès.
Un artiste inclassable et provocateur
Né en 1935 à Naples, Benjamin Vautier s’est très tôt imposé comme une figure incontournable de l’art contemporain. Membre éminent du mouvement Fluxus, qui prônait un art vivant, ludique et accessible à tous, il s’est fait connaître par ses fameuses Écritures, des phrases lapidaires, philosophiques ou poétiques, peintes en noir sur des fonds blancs. Des slogans percutants comme “L’art est inutile, rentrez chez vous” ou “Je doute de l’art” qui n’ont eu de cesse de bousculer le milieu artistique.
“Ben réussissait à changer, ou à marier, la peinture et l’écriture. Pour lui le verbe devenait un art.”
– Jack Lang
Une carrière sous le signe de l’anticonformisme
Tout au long de sa prolifique carrière, Ben s’est plu à choquer et déranger, multipliant les performances et installations provocatrices. En 2018, le musée Maillol à Paris lui avait consacré une grande rétrospective, revenant sur plus de 60 ans de création débridée. L’occasion de mesurer l’influence de cet electron libre, adoré par certains, détesté par d’autres, mais qui ne laissait jamais indifférent.
Avec la disparition de Benjamin Vautier, c’est une page de l’histoire de l’art qui se tourne. Celui qui aimait à répéter “Je sais plus quoi faire” laisse une empreinte indélébile, celle d’un esprit libre et mal luné qui aura, jusqu’au bout, questionné le sens et la place de la création artistique. Un héritage que les jeunes générations d’artistes ne manqueront pas de faire fructifier.
Les réactions se multiplient
Depuis l’annonce de son décès, les hommages affluent du monde entier pour saluer la mémoire de cet artiste hors normes :
- Le ministre de la Culture Rima Abdul Malak a exprimé sa “grande tristesse” et rendu hommage au “pionnier de l’art contemporain”.
- Sur les réseaux sociaux, de nombreux artistes comme JR ou Valérie Belin ont fait part de leur émotion et de leur admiration pour celui qui fut un “maître” et un “modèle”.
- À Nice, sa ville de cœur, l’émotion est vive. Le maire Christian Estrosi a annoncé qu’un lieu emblématique de la cité porterait prochainement son nom.
Une chose est sûre : Ben, par son audace, sa liberté et son humour corrosif, a profondément marqué son époque. Nul doute que son esprit facétieux continuera longtemps de planer sur le monde de l’art.