C’est un revirement qui fait débat. Près de trois ans après son arrivée à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden vient d’annoncer un durcissement significatif de sa politique migratoire, en particulier à la frontière avec le Mexique. Confronté à un afflux record de migrants clandestins, Biden a décidé de restreindre drastiquement l’accès au droit d’asile pour les personnes entrant illégalement sur le territoire. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de son prédécesseur, Donald Trump.
Des mesures d’urgence face à la crise
« Nous devons sécuriser notre frontière, et ce dès maintenant », a déclaré Biden lors d’une allocution mardi. Les nouvelles mesures, entrées en vigueur dans la nuit, visent à « reprendre le contrôle » et « rétablir l’ordre » face à une situation jugée hors de contrôle. Selon les autorités, les arrestations de clandestins à la frontière sud ont atteint un niveau historique, dépassant les 2,5 millions sur l’année fiscale 2022.
Pour endiguer ce flux, l’administration Biden a donc choisi de limiter drastiquement les demandes d’asile. Désormais, les migrants traversant illégalement la frontière depuis le Mexique se verront quasi-systématiquement refuser ce droit, sauf s’ils peuvent prouver qu’ils ont d’abord demandé une protection dans les pays traversés. Une mesure calquée sur le modèle mis en place sous Trump.
Un virage controversé
Ce revirement suscite l’incompréhension, voire la colère, chez de nombreux défenseurs des droits des migrants. Pendant sa campagne, Biden avait en effet promis une approche plus « humaine » que son prédécesseur républicain. Mais à l’approche des élections de 2024, et alors que l’immigration reste un sujet ultrasensible, le démocrate semble avoir changé son fusil d’épaule.
Ces restrictions sont en contradiction totale avec les valeurs d’accueil de l’Amérique.
– Erika Pinheiro, directrice de l’ONG Al Otro Lado
Pour l’administration, il s’agit d’un mal nécessaire pour restaurer l’intégrité du système d’immigration. Mais les critiques dénoncent une approche « cruelle » et « illégale », contraire au droit international. Certains y voient même un « cadeau à l’extrême droite » à l’approche des élections.
L’éternel casse-tête de la frontière sud
Ce durcissement illustre à quel point le contrôle de l’immigration clandestine, en particulier à la frontière mexicaine, reste un défi pour tous les présidents américains. Malgré des milliards investis dans le mur, la surveillance high-tech et les mesures dissuasives, les Etats-Unis peinent à endiguer des flux nourris par la pauvreté, la violence et l’instabilité chroniques en Amérique centrale.
Si l’efficacité des nouvelles restrictions reste à démontrer, elles marquent un tournant majeur dans la politique migratoire de l’administration Biden. Une inflexion qui risque d’être lourde de conséquences, à la fois pour les migrants en quête d’un avenir meilleur et pour un président démocrate en quête d’un second mandat.