La Géorgie traverse actuellement l’une des pires crises politiques de son histoire récente. Au cœur des tensions : l’investiture très controversée d’un nouveau président ultraconservateur et pro-russe, Mikheïl Kavelachvili. Une nomination qui passe très mal auprès de l’opposition pro-occidentale et d’une partie de la population, déjà remontées contre le pouvoir en place depuis des législatives d’octobre entachées d’accusations de fraude.
Un président qui divise et une dirigeante sortante qui refuse de céder
Bien que la présidence géorgienne soit un poste largement honorifique, l’arrivée de Mikheïl Kavelachvili, connu pour ses prises de position anti-occidentales, à la tête de l’État fait figure de provocation pour les pro-européens. D’autant que l’actuelle présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a annoncé qu’elle refusait de lui laisser sa place.
Mme Zourabichvili, une ex-diplomate française, est même allée jusqu’à en appeler à l’armée, affirmant qu’elle leur « restera loyale » en tant que commandante en chef. Une déclaration choc dans un pays où plane le spectre d’un coup d’État.
Législatives contestées et dérive autoritaire
Tout a commencé avec les élections législatives du 26 octobre dernier. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, les a largement remportées. Mais l’opposition crie à la fraude massive et exige leur annulation. Depuis, les manifestations pro-européennes se multiplient à travers le pays, sévèrement réprimées par la police.
Au-delà des soupçons de trucage électoral, les protestataires dénoncent la dérive autoritaire et pro-russe du Rêve géorgien. Initialement pro-occidental, le parti a adopté cette année des lois controversées restreignant les droits des ONG, des médias et des minorités LGBT+, sur le modèle russe. Un virage qui a conduit Bruxelles à geler le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE.
Accusations de tortures et sanctions occidentales
La répression des manifestations a été d’une rare violence. Plus de 400 personnes ont été arrêtées, dont des leaders de l’opposition. Le médiateur national des droits de l’homme a fait état de « tortures » de détenus par les forces de l’ordre. Des exactions qui ont poussé les États-Unis et le Royaume-Uni à sanctionner plusieurs hauts responsables géorgiens.
Le spectre de l’ingérence russe
Derrière la crise actuelle se profile l’ombre de Moscou. Beaucoup accusent le gouvernement de faire le jeu de la Russie en s’éloignant de l’Occident et en muselant la société civile. Une situation explosive dans cette ex-république soviétique du Caucase, déjà amputée d’une partie de son territoire après une guerre contre la Russie en 2008.
Alors que l’investiture du nouveau président doit avoir lieu à huis clos au Parlement, l’opposition appelle à une nouvelle journée de mobilisation dimanche. Une épreuve de force qui pourrait faire basculer le pays dans l’inconnu. Seule issue possible selon la présidente sortante : « de nouvelles élections ».