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Surveillance par drone du centre de rétention administrative de Marseille

Un drone survole le centre de rétention de Marseille pour prévenir évasions et projections. Une décision controversée malgré les arguments sécuritaires de la préfecture. Le tribunal a temporairement suspendu les vols, mais ils devraient bientôt reprendre...

Depuis quelques mois, un drone surveille les abords du centre de rétention administrative (CRA) du Canet à Marseille. Une mesure mise en place par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône pour tenter d’endiguer les nombreuses évasions et projections d’objets constatées sur le site. Mais cette décision ne fait pas l’unanimité et suscite la controverse.

Une situation préoccupante au CRA de Marseille

Le centre de rétention administrative du Canet fait face à de multiples défis sécuritaires. Selon une source proche du dossier, pas moins de vingt tentatives d’évasion auraient été recensées depuis le mois de juillet dernier. Des individus sont parvenus à découper les grillages et à s’échapper en utilisant des échelles fournies par des complices à l’extérieur.

En parallèle, le CRA est confronté au phénomène des « projections ». Des personnes situées à l’extérieur des murs lancent régulièrement divers objets par-dessus les grillages à destination des retenus : cigarettes, drogues, armes artisanales…De quoi alimenter un climat de tension permanent au sein de l’établissement.

Certains retenus peuvent être aidés par des personnes extérieures qui projettent des objets : des cigarettes, de la drogue ou des armes par destination.

– Un responsable de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône

Face à cette situation jugée « préoccupante », la préfecture a donc décidé de renforcer la sécurité en faisant appel à un drone. Objectif : surveiller les abords immédiats du CRA pour prévenir et détecter toute tentative d’évasion ou de projection. Une équipe de « dronistes » de la police aux frontières (PAF) a été spécialement affectée à cette mission.

Le survol par drone, une mesure controversée

Mais cette décision prise par la préfecture ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations de défense des droits des étrangers, comme La Cimade, s’opposent à ce qu’elles considèrent comme une « surveillance intrusive et disproportionnée ». Elles dénoncent une « logique sécuritaire » et une « carcéralisation » des centres de rétention.

Le tribunal administratif de Marseille, saisi par ces associations, a dans un premier temps suspendu les survols de drone. Les juges ont estimé que le dispositif portait une atteinte excessive au droit au respect de la vie privée des personnes retenues. Mais la préfecture compte bien faire appel de cette décision.

Le tribunal administratif nous reprochait la durée excessivement longue de l’autorisation de survol. Nous donnerons des autorisations plus ponctuelles.

– Rémi Bourdu, directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône

En attendant, le drone reste cloué au sol. Mais nul doute que le débat autour de son utilisation est loin d’être terminé. Entre impératifs sécuritaires et respect des libertés individuelles, l’équilibre semble difficile à trouver.

Le point de vue de la préfecture

Du côté de la préfecture, on assume pleinement le recours aux drones et on réfute les accusations de surveillance abusive. Les autorités mettent en avant le caractère « indispensable » du dispositif face à une population de retenus décrite comme « particulière et prompte à la violence ».

Ces évasions mettent en danger du personnel du CRA, des policiers, des retenus eux-mêmes ainsi que de la population.

– Rémi Bourdu, directeur de cabinet du préfet de police

La préfecture assure que toutes les précautions sont prises pour garantir le respect de la vie privée, en limitant strictement le périmètre de vol du drone. Elle souligne aussi que cette surveillance aérienne n’est qu’un outil parmi d’autres pour sécuriser le CRA, en attendant de pouvoir réaliser des travaux de renforcement des clôtures et des bâtiments.

Une situation complexe appelée à durer

Au final, l’affaire du drone illustre toute la complexité de la gestion des centres de rétention. Entre des retenus aux profils difficiles, des conditions de sécurité parfois défaillantes et une opinion publique de plus en plus sensible aux questions de respect des libertés, les autorités doivent constamment naviguer à vue.

Une chose est sûre : le feuilleton du drone surveillant le CRA de Marseille est encore loin de son épilogue. Les prochaines décisions de la justice administrative seront scrutées de près par tous les acteurs concernés. En attendant, les évasions et les projections se poursuivent, obligeant la préfecture à réagir dans l’urgence. Un casse-tête sécuritaire et politique qui ne semble pas près de s’arrêter.

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