C’est une terrible tragédie qui secoue aujourd’hui le monde de la voile. Lors de la célèbre course Sydney-Hobart qui se déroule chaque année en Australie, deux marins ont perdu la vie dans des accidents distincts. Un drame qui plonge les organisateurs et les participants dans une immense tristesse.
Deux accidents mortels en pleine course
Selon les informations communiquées par la direction de course, les deux accidents se sont produits vendredi alors que les bateaux se trouvaient au large des côtes de la Nouvelle-Galles du Sud, peu après le départ de Sydney. Les victimes, qui étaient membres des équipages des voiliers Flying Fish Arctos et Bowline, auraient été heurtées violemment par la bôme, cette pièce qui soutient la base de la voile.
Malgré les tentatives désespérées de leurs coéquipiers pour les réanimer, les deux marins n’ont malheureusement pas pu être sauvés. Une enquête est actuellement en cours par la police maritime pour déterminer les circonstances exactes de ces drames.
Une météo difficile, des abandons en série
Les conditions météorologiques s’annonçaient particulièrement éprouvantes pour cette édition 2023 de la Sydney-Hobart. Des vents violents et une mer très formée étaient attendus sur le parcours de 630 milles nautiques (environ 1 000 km) qui sépare Sydney de Hobart, la capitale de la Tasmanie.
Ces prévisions se sont malheureusement confirmées puisque sur les 104 bateaux au départ, sept ont déjà dû abandonner. Parmi eux, le grand favori Comanche, un navire de 100 pieds skippé par l’Américain Jim Cooney. En 2017, ce bateau détentait le record de l’épreuve qu’il avait terminée en un temps canon de 1 jour, 9h, 15min et 24sec.
C’est terrible. Malgré notre expérience, la météo a eu raison de nos ambitions. Mais cela n’est rien à côté de la tragédie de nos amis navigateurs. Le sport est bien peu de chose face à la vie humaine.
Jim Cooney, skipper de Comanche
Le spectre de 1998
Malheureusement, ce n’est pas la première fois que cette course mythique, créée en 1945, est endeuillée. En 1998, un véritable cauchemar s’était produit lorsqu’une violente tempête avait balayé la flotte en pleine nuit. Six marins avaient alors perdu la vie, cinq bateaux avaient sombré et 55 concurrents avaient dû être secourus en urgence par les garde-côtes australiens.
Après ce drame, de nombreuses mesures de sécurité avaient été prises et la réglementation durcie. Équipements de survie, balises de détresse, formation des équipages… Tout avait été revu pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise.
L’émotion et les questions
Aujourd’hui, c’est tout le monde de la voile qui est sous le choc après ce nouveau drame. Sur les pontons, dans les clubs, l’émotion est immense et les marins ont le cœur lourd. Beaucoup s’interrogent malgré tout : cette tragédie aurait-elle pu être évitée ? Les conditions de sécurité étaient-elles suffisantes au regard des conditions météo ? La course aurait-elle dû être annulée ?
Autant de questions auxquelles devra répondre l’enquête qui ne fait que commencer. En attendant, les organisateurs ont décidé de mettre les drapeaux en berne et d’observer une minute de silence en mémoire des disparus. Un hommage sobre et digne pour ne pas oublier que derrière l’exploit sportif, il y a d’abord des hommes et des femmes unis par la même passion de la mer.
Réactions et soutien
De nombreuses personnalités politiques et du monde sportif ont immédiatement réagi pour apporter leur soutien aux familles des victimes et saluer leur mémoire. Parmi elles, le Premier ministre australien Anthony Albanese qui a déclaré : « C’est un jour sombre pour notre communauté de marins. Au nom de tous les Australiens, j’adresse mes plus sincères condoléances aux proches des deux navigateurs disparus. Nous partageons leur douleur immense. »
La fédération australienne de voile a également publié un communiqué pour exprimer sa « profonde tristesse » et annoncer la création d’un fonds de soutien pour les familles touchées par le drame. Une cagnotte en ligne a aussi été mise en place et connaît déjà un vif succès, preuve de la solidarité du monde de la voile dans ces moments difficiles.
Se relever et honorer leur mémoire
Au-delà de la tristesse et de l’incompréhension, beaucoup veulent croire que cette tragédie permettra de renforcer encore la sécurité des courses au large. C’est le vœu exprimé par de nombreux marins, à l’image de John Bertrand, vainqueur de la Sydney-Hobart en 2003 :
Nous avons le devoir de poursuivre notre quête de l’excellence sportive, mais jamais au détriment de la vie humaine. Nous nous devons d’être les dignes héritiers de ces marins qui ont perdu la vie en mer. Leur mémoire ne doit pas être vaine.
John Bertrand, ancien vainqueur de la Sydney-Hobart
Même si la douleur est immense, les marins savent qu’il leur faudra repartir en mer et affronter de nouveau les éléments. C’est la dure loi de leur passion, de cet appel du large plus fort que tout. Et le meilleur hommage à rendre à leurs camarades disparus est sans doute de continuer à vivre pleinement leur rêve, celui de dompter les océans.
La course Sydney-Hobart est aujourd’hui en deuil, mais son histoire continuera de s’écrire. Pour que jamais ne soit oublié le destin tragique de ces marins partis trop tôt.