Dans le monde du football, certains noms de famille sont plus lourds à porter que d’autres. C’est le cas de Romano Floriani Mussolini, arrière-petit-fils du dictateur italien Benito Mussolini, qui évolue actuellement en Serie B avec le club de la Juve Stabia. Dimanche dernier, le jeune défenseur de 21 ans a inscrit son tout premier but chez les professionnels, ravivant au passage la polémique autour de son sulfureux patronyme.
Un héritage familial embarrassant
Être le descendant direct de Benito Mussolini, l’ancien dirigeant fasciste qui a régné d’une main de fer sur l’Italie de 1922 à 1943, n’est pas chose aisée. Romano Floriani Mussolini en fait l’amère expérience depuis ses débuts dans le football. Formé à la Lazio Rome, il a dû composer dès son plus jeune âge avec les critiques et la défiance liées à son nom de famille si particulier.
Son arbre généalogique est en effet difficile à assumer : Romano est le fils d’Alessandra Mussolini, petite-fille du dictateur et ancienne députée européenne. Sa grand-tante n’est autre que la célèbre actrice Sophia Loren. Autant dire que le jeune homme traîne derrière lui un héritage familial pour le moins encombrant et clivant au pays de la botte.
Assumer son nom coûte que coûte
Malgré la pression, Romano Floriani Mussolini a toujours refusé de renier ses origines. Dans une interview accordée en 2021, il confiait : « Je suis fier de mon nom et de ce que je fais. La polémique ne m’atteint pas, je reste concentré sur le terrain« . Une façon d’assumer son identité sans pour autant cautionner les exactions commises par son aïeul.
Ce positionnement ne fait toutefois pas l’unanimité en Italie, où la mémoire du fascisme demeure un sujet brûlant. De nombreux tifosi n’hésitent pas à conspuer Romano Floriani Mussolini lors de ses apparitions sur les pelouses de Serie B. Son but inscrit dimanche sous les couleurs de la Juve Stabia face à Cesena (1-0) n’a fait que raviver les passions et les débats autour de sa personne.
Séparons le sportif du politique
Au-delà des polémiques récurrentes, le principal intéressé préfère se concentrer sur son métier et ses performances. Son entraîneur à la Juve Stabia, Walter Novellino, a d’ailleurs volé à son secours après son but : « Romano est un garçon sérieux, qui travaille dur. Il mérite d’être jugé uniquement sur ses prestations sportives, pas sur son nom« . Un soutien précieux pour ce joueur ballotté entre l’ombre de ses ancêtres et la lumière des projecteurs.
Sur un terrain, seul le talent doit compter. Un footballeur n’a pas à porter le poids des erreurs commises par sa famille par le passé.
Un agent de joueurs souhaitant rester anonyme
Malgré ce premier but chez les pros qui aurait dû le faire exulter, Romano Floriani Mussolini reste lucide sur sa situation. Il sait pertinemment que son patronyme lui collera à la peau tout au long de sa carrière, pour le meilleur mais surtout pour le pire. À lui de faire mentir les sceptiques en prouvant sa valeur sur les terrains.
L’Italie face à son Histoire
Au-delà du cas personnel de Romano Floriani Mussolini, cette polémique en dit long sur le rapport complexe qu’entretient l’Italie avec la période fasciste. Près de 80 ans après la chute de Mussolini, les blessures peinent à cicatriser et les débats font toujours rage autour de cet héritage douloureux.
La présence d’un descendant direct du Duce dans le championnat transalpin agit comme un miroir tendu à la société italienne. Entre devoir de mémoire, volonté de tourner la page et tentation du déni, le pays peine encore à trouver le juste équilibre pour appréhender sereinement son passé troublé. Le parcours de Romano Floriani Mussolini n’en est que le reflet sportif.
En Italie, le fascisme est encore un sujet tabou. Le foot ne fait que cristalliser des tensions bien plus profondes au sein de notre société.
Analyse d’un politologue italien
Une chose est sûre : en faisant fi des polémiques pour évoluer au haut niveau, Romano Floriani Mussolini bouscule les lignes et force l’Italie à se confronter à ses vieux démons. Son but en Serie B est anecdotique, mais il en dit long sur la difficulté du pays à assumer pleinement son Histoire. Un débat qui est loin d’être clos, sur et en dehors des terrains.