Depuis lundi, le Mozambique est secoué par une vague de violences suite à la confirmation par la Cour suprême de la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, aux élections générales du 9 octobre. Le pays d’Afrique australe fait face à des scènes de chaos avec des barricades érigées dans les rues, des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, des commerces et commissariats saccagés. Ces troubles ont déjà fait des dizaines de morts et permis l’évasion spectaculaire de plus de 1500 détenus d’une prison de la capitale Maputo.
L’opposition pointe du doigt la passivité policière
Face à cette flambée de violence, le principal leader de l’opposition, Venancio Mondlane, a lancé de graves accusations contre les forces de sécurité du pays. Selon lui, la police laisserait sciemment faire les actes de vandalisme et de pillage. Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux jeudi, celui que la rue surnomme affectueusement « Venancio » a affirmé qu’il n’y avait « aucune action de la police » face aux attaques visant commerces et infrastructures dans les grandes villes. Pire, il estime que les forces de l’ordre « encouragent presque les gens à attaquer pour voler ».
Un plan pour écraser la contestation ?
Pour l’opposant de 50 ans, cette passivité policière face aux débordements n’est pas anodine. Il y voit la mise en œuvre d’« un plan déjà élaboré » par le pouvoir pour « déclarer l’état d’urgence » et ainsi mater la contestation qui gronde depuis sa défaite à la présidentielle, validée lundi par le Conseil constitutionnel. Venancio Mondlane revendique en effet la victoire et dénonce une « fraude » électorale orchestrée par « le Conseil constitutionnel, la commission électorale, le parti Frelimo lui-même ».
Des forces de sécurité mises en cause
L’animateur de télévision reconverti en politique est allé encore plus loin dans ses accusations contre les forces de l’ordre. Depuis l’étranger où il dit s’être réfugié, craignant pour sa vie après l’assassinat de deux de ses proches en octobre, il affirme que « les forces de sécurité et de défense commettent des agressions et des vols », un sujet dont le chef de la police ne parlerait pas selon lui.
Un lourd bilan humain
Ces violences post-électorales ont d’ores et déjà fait de nombreuses victimes. Mardi soir, le gouvernement faisait état de 21 morts, dont deux policiers. Mercredi, l’évasion massive de détenus près de la capitale s’est soldée par 33 morts supplémentaires parmi les fugitifs lors d’affrontements avec le personnel pénitentiaire, d’après le chef de la police.
Une opposition prudente sur la suite
Face à cette situation explosive, Venancio Mondlane reste pour l’heure prudent sur la prochaine étape de la contestation. Et ce volontairement, comme il l’a expliqué : « parce que nous savons qu’il y a un plan pour continuer à vandaliser, à détruire les biens publics et privés ». Une façon de ne pas jouer le jeu d’un pouvoir qui chercherait selon lui le prétexte pour franchir le Rubicon sécuritaire. Les prochains jours s’annoncent donc décisifs et lourds d’incertitudes pour la stabilité du Mozambique.