Dans un rebondissement spectaculaire, plus de 1500 détenus se sont évadés mercredi d’une prison de haute sécurité au Mozambique, profitant du chaos engendré par une crise politique qui secoue le pays depuis la confirmation des résultats controversés des dernières élections. Parmi les fugitifs figureraient des membres de groupes jihadistes actifs dans le nord du pays.
Une évasion massive qui sème la panique
Selon les autorités mozambicaines, 1534 prisonniers se sont échappés de l’établissement pénitentiaire de haute sécurité situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale Maputo. Une évasion d’une ampleur sans précédent dans le pays, qui a pris de court les forces de sécurité en pleine crise post-électorale.
D’après une source proche du dossier, des groupes de manifestants se seraient approchés de la prison, créant une diversion qui a permis aux détenus de faire tomber un mur et de s’échapper en masse. 33 prisonniers auraient été tués et 15 autres blessés dans des affrontements avec le personnel pénitentiaire.
Une vaste chasse à l’homme lancée
Face à cette situation alarmante, les autorités ont rapidement déployé d’importants moyens pour traquer les fugitifs, dont des hélicoptères et des unités de l’armée. Selon un responsable de la police cité sous couvert d’anonymat, environ 150 évadés ont pu être appréhendés dans les heures qui ont suivi l’évasion.
Mais les forces de l’ordre restent sur le qui-vive, car parmi les prisonniers en fuite figureraient une trentaine de détenus liés à des groupes jihadistes qui sévissent depuis plusieurs années dans la province du Cabo Delgado, dans le nord-est du pays. « Nous sommes particulièrement préoccupés par cette situation », a déclaré le chef de la police nationale lors d’une conférence de presse.
Le pays plongé dans une crise politique
Cette spectaculaire évasion intervient alors que le Mozambique traverse une période de fortes turbulences politiques, trois jours après l’annonce des résultats officiels des élections générales du 9 octobre dernier. Malgré les irrégularités dénoncées par les observateurs, la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, et de son candidat Filipe Nyusi, a été confirmée.
L’opposition conteste ces résultats et réclame un nouveau scrutin, dénonçant des fraudes massives. Des manifestations émaillées de violences ont éclaté dans plusieurs villes du pays, faisant au moins 150 morts en deux mois selon des ONG. De nombreuses voix s’inquiètent d’un risque d’embrasement dans ce pays d’Afrique australe en proie à de vives tensions.
La situation sécuritaire est des plus préoccupantes. Entre cette évasion de grande ampleur et la crise post-électorale, les autorités semblent débordées.
Un analyste politique local
Des zones d’ombre persistent
Si les circonstances exactes de l’évasion restent à éclaircir, de nombreuses questions se posent quant à d’éventuelles complicités internes qui auraient pu faciliter la fuite des détenus. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur cet événement sans précédent qui fragilise un peu plus les institutions du pays.
Dans les rues de la capitale Maputo, les habitants oscillent entre colère et inquiétude. Beaucoup redoutent que certains des fugitifs, notamment ceux appartenant à des groupes armés, ne commettent des exactions ou cherchent à se venger. « On a peur de sortir, on ne sait pas sur qui on peut tomber », témoigne une riveraine de la prison.
Un nouveau coup dur pour le pouvoir
Pour le gouvernement mozambicain, qui s’efforce de contenir la contestation politique, cette évasion spectaculaire représente un camouflet de taille. Elle met en lumière les failles béantes du système sécuritaire et pénitentiaire, gangrené par la corruption et le sous-investissement chronique.
Selon des experts, le pouvoir en place, englué dans la crise post-électorale, peine à reprendre la main et à restaurer la confiance de la population. « Cette évasion massive est symptomatique d’un État qui s’effrite et qui n’arrive plus à assurer ses fonctions régaliennes de base », analyse un politologue joint par téléphone.
Un pays fragilisé sur tous les fronts
Déjà durement éprouvé par des années de guerre civile et par la menace jihadiste qui sévit dans sa partie nord, le Mozambique se retrouve ainsi face à une nouvelle crise qui ébranle un peu plus ses fondations. Entre contestation politique, insécurité galopante et fuite de prisonniers, le pays semble au bord du précipice.
Pour tenter d’apaiser les tensions, le président Filipe Nyusi a appelé au dialogue et promis des réformes, mais beaucoup doutent de sa capacité à redresser la barre. « Le pays a besoin d’un vrai sursaut, d’un élan nouveau. Sinon, on court à la catastrophe », s’alarme un militant de la société civile.
Dans ce contexte des plus tendus, l’évasion massive de mercredi dernier apparaît comme un nouveau signal alarmant, un symptôme de plus de la déliquescence des institutions mozambicaines. Alors que la traque des fugitifs se poursuit, c’est tout un pays qui retient son souffle, suspendu à ce nouveau défi sécuritaire qui s’ajoute à une crise politique et sociale déjà explosive.