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Mayotte : Après le cyclone, les habitants se sentent abandonnés

Près de 2 semaines après le cyclone Chido, les Mahorais du nord-ouest se sentent délaissés. Entre routes coupées, débris et manque de vivres, ils tentent de s'organiser dans l'attente d'une aide qui tarde à venir. Un témoignage poignant sur une situation de crise.

Dans les villages reculés du nord-ouest de Mayotte, le temps semble s’être arrêté depuis le passage dévastateur du cyclone Chido il y a près de deux semaines. Alors que la vie reprend doucement son cours dans la capitale Mamoudzou, ici les stigmates de la catastrophe sont omniprésents. Routes coupées, débris entassés, électricité et eau courante toujours aux abonnés absents… Les habitants se sentent abandonnés et doivent se débrouiller par leurs propres moyens en attendant une aide qui tarde à venir.

Un quotidien entre détresse et débrouille

À Mtsahara, village côtier où l’œil du cyclone s’est engouffré, l’heure est à la survie. « On vit dans le stress, psychologiquement c’est très difficile », confie Natidja Ali Saansa, 36 ans. « On pense sans cesse à comment avoir assez d’eau, assez de nourriture. » Mercredi matin, une première distribution de vivres a eu lieu, mais en quantité insuffisante. Certains sont repartis avec quelques conserves, du sucre, de la farine et deux bouteilles d’eau. De quoi tenir quelques jours, guère plus.

Face au manque criant de moyens, la solidarité s’organise tant bien que mal. À Acoua, des habitants ont pris l’initiative de déblayer eux-mêmes les routes et de brûler les déchets végétaux, formant de longs tas de tôles et branches sur les plages. « On essaye de faire ce que l’on peut », explique Harouna Nadjaria, 46 ans, équipée de gants de chantier. « De grosses pluies arrivent, si on laisse ça comme ça, tout peut se répandre dans les rues ou bien pourrir ici. »

Des renforts attendus de toute urgence

Si les autorités assurent que l’aide continue de se déployer, avec près de 4000 membres des forces de sécurité et de secours engagés sur le terrain, le décalage avec la réalité vécue par les sinistrés est patent. Pour la sénatrice Salama Ramia, en visite à Acoua, il est urgent que l’armée monte en puissance dans les opérations.

Je veux alerter notamment sur l’insalubrité : si on ne fait rien maintenant, on va devoir gérer une crise sanitaire en plus de la catastrophe naturelle.

Salama Ramia, sénatrice de Mayotte

D’après des responsables locaux, il y aurait un « effet de communication » de la part des autorités, pour afficher une maîtrise de la situation qui ne se vérifie pas sur le terrain. En attendant des renforts conséquents, les Mahorais font face comme ils peuvent. « On s’organise avec nos propres moyens, on s’entraide. Chacun vole avec ses ailes », résume Chaydou Hamidouni, 45 ans, installé près de l’océan sous un abri de fortune.

La reconstruction sera longue et difficile

Si l’heure est encore à la gestion de l’urgence, se pose déjà la question de la reconstruction de ces territoires durement touchés. Entre bâtiments endommagés, champs et cultures dévastés, le chemin sera long et semé d’embûches pour ces populations en détresse.

« Combien de temps on va rester comme ça ? », s’interroge Khadja Ali Daoud, 32 ans, habitante de Mtsamboro où l’électricité est toujours coupée. « Les gens dépriment tellement… ». Un sentiment d’abandon et d’isolement qui pourrait laisser des traces durables, bien après que les stigmates matériels du cyclone se seront estompés.

Face à ce constat alarmant, les Mahorais attendent des actes forts et des moyens conséquents de la part de l’État pour enclencher la reconstruction. Car si la solidarité et la résilience dont ils font preuve forcent l’admiration, elles ne suffiront pas à effacer les plaies béantes laissées par Chido. Le nord-ouest de Mayotte aura besoin d’un soutien massif et de long terme pour se relever et se reconstruire.

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