Depuis plus d’une décennie, le premier ministre hongrois Viktor Orban règne sans partage sur son pays. Mais aujourd’hui, des vents contraires semblent se lever. Une contestation populaire gronde, l’économie vacille et un rival politique émerge. Le tout-puissant dirigeant est-il en train de perdre pied ?
Une popularité qui s’effrite
Depuis plusieurs semaines, des manifestations secouent Budapest et les grandes villes de Hongrie. Les citoyens dénoncent la politique autoritaire de Viktor Orban, la corruption endémique et la dégradation de leur niveau de vie. Selon des sources proches des manifestants, la colère est palpable et le ras-le-bol généralisé.
Les gens n’en peuvent plus. Ils ont le sentiment que le gouvernement ne les écoute pas et ne se préoccupe pas de leurs problèmes.
– Un manifestant sous couvert d’anonymat
Cette contestation intervient alors que la cote de popularité de Viktor Orban est au plus bas. Selon un récent sondage, seuls 30% des Hongrois se disent satisfaits de son action, contre près de 50% il y a un an. Un recul significatif pour celui qui semblait intouchable.
Une économie en souffrance
Cette grogne sociale s’explique aussi par les difficultés économiques croissantes que traverse la Hongrie. Avec une inflation galopante, dépassant les 20% sur un an, et une dette publique qui explose, le pays peine à garder la tête hors de l’eau. Une situation critique dont les Hongrois paient le prix fort.
Malgré des mesures d’urgence, comme le plafonnement des prix de l’énergie et de certains produits alimentaires, le gouvernement ne parvient pas à endiguer la crise. Au contraire, ces décisions précipitées contribuent à creuser le déficit budgétaire, fragilisant encore un peu plus l’économie nationale.
L’émergence d’un rival sérieux
Comme si ces vents contraires ne suffisaient pas, Viktor Orban doit aussi composer avec l’émergence d’un adversaire de taille : Péter Magyar. Ce jeune politicien de 43 ans, ancien du parti Fidesz, s’est fait connaître en dénonçant avec virulence les dérives du pouvoir en place.
Très actif sur le terrain et les réseaux sociaux, Péter Magyar séduit un électorat de plus en plus large, lassé par des années de gouvernance Orban. Il incarne un renouveau et se pose en alternative crédible. Un sondage récent le crédite même de 35% d’opinions favorables, soit davantage que le premier ministre.
La Hongrie a besoin d’un nouveau souffle, d’un projet porteur d’espoir. C’est ce que je propose aux Hongrois.
– Péter Magyar, lors d’un meeting
Vers des élections anticipées ?
Face à cette pression grandissante, certains proches du pouvoir laissent entendre que Viktor Orban pourrait être tenté de jouer son va-tout en convoquant des élections législatives anticipées. Un pari risqué au vu du contexte, mais qui pourrait lui permettre de prendre ses opposants de court et de rebattre les cartes.
Cependant, rien n’est moins sûr. Car en près de douze ans de pouvoir sans partage, Viktor Orban a verrouillé de nombreux rouages démocratiques et s’est taillé un costume de dirigeant providentiel. Même affaibli, il conserve de solides relais et garde la main sur les institutions clés du pays.
Un avenir incertain
Au final, l’avenir politique de la Hongrie apparaît bien incertain. Si la position de Viktor Orban semble plus fragile que jamais, rien ne permet d’affirmer que son étoile est en train de pâlir définitivement. Le premier ministre est un animal politique redoutable, rompu aux situations de crise.
Mais les défis qui se dressent devant lui sont colossaux et inédits. Entre une contestation populaire qui ne faiblit pas, une économie en grandes difficultés et un opposant déterminé, Viktor Orban joue peut-être la partie la plus serrée de sa carrière. Les prochains mois seront décisifs pour celui qui règne sans partage sur la Hongrie depuis 2010.
Une chose est sûre : tous les regards seront braqués sur Budapest dans les semaines à venir. Car au-delà du destin politique de Viktor Orban, c’est peut-être celui de toute la Hongrie qui est en train de se jouer.