En Syrie, un vent de changement souffle sur les cendres de l’ancien régime. Après le renversement du pouvoir de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, les nouvelles autorités rebelles s’attellent à démanteler l’héritage empoisonné du dictateur déchu. En ligne de mire : le captagon, cette drogue de synthèse qui a fait de la Syrie un véritable narco-État ces dernières années.
Mercredi 23 décembre, dans la cour d’ex-locaux sécuritaires de Damas, les forces rebelles ont mis le feu à des quantités phénoménales de stupéfiants saisis, dont un million de pilules de captagon. Un geste fort, destiné à marquer une rupture nette avec les dérives du passé.
Le captagon, pilier d’une industrie tentaculaire sous Assad
Le captagon, une amphétamine dérivée d’un médicament initialement destiné à traiter la narcolepsie, était devenu le nerf de la guerre pour le régime syrien acculé. Sous la houlette de proches d’Assad, une véritable industrie s’était développée, inondant les marchés du Moyen-Orient. Un trafic estimé à plus de 10 milliards de dollars par an, selon une enquête de l’AFP.
Chaque pilule était vendue 100 dollars en Arabie saoudite
D’après une source proche du dossier
Une drogue aux ravages dévastateurs
Au-delà de son poids économique, le captagon laisse derrière lui une traînée de souffrances. Dérivé de la phénéthylline, il provoque une forte dépendance et de graves troubles psychiques et somatiques chez les consommateurs. À Gaza, où il fait des ravages, « des familles entières ont été détruites », confie un travailleur social. Un fléau qui a nourri la machine de guerre du régime, au mépris des vies brisées.
Vers un nouveau départ ?
Pour les nouvelles autorités, détruire les stocks de captagon est un premier pas vers l’assainissement tant espéré. « Nous voulons couper les routes de contrebande exploitées par le clan Assad », affirme un membre des forces de sécurité. Mais la partie est loin d’être gagnée. Le narco-trafic a laissé des ramifications profondes, et le chemin vers une Syrie apaisée sera long et semé d’embûches.
Malgré tout, à Damas, l’espoir renaît. Dans les rues de la capitale, les Syriens réclament la démocratie et la fin de la corruption. Un combat de chaque instant, pour tourner définitivement la page des années de plomb et bâtir une société nouvelle sur les ruines de la dictature. La destruction du captagon en est le symbole : celui d’un peuple déterminé à reprendre en main son destin.