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Un village se mobilise pour sauver sa chapelle au style unique

Depuis des années, la chapelle Garreau se délabre. Malgré son style unique mêlant influences romanes, néogothiques et orientales, l'édifice risque de s'effondrer. Face à l'urgence, tout un village s'est mobilisé pour la sauver, et lance un appel aux dons. Découvrez l'histoire étonnante de ce joyau architectural menacé et la formidable aventure humaine pour lui redonner vie...

Au cœur du village de Remouillé, près de Nantes, se dresse un édifice hors du commun qui ne laisse personne indifférent. Avec ses assises de granit, son portail italien, ses contreforts romans et ses pinacles chinois, la chapelle funéraire Garreau mêle les styles dans un tourbillon architectural aussi éclectique qu’harmonieux. Pourtant, derrière sa façade haute en couleur, ce joyau du XIXe siècle est en péril. Fissuré et fragilisé, il pourrait perdre d’ici peu son dôme en ardoise dont la charpente a lentement perdu de sa superbe. Face à l’urgence, tout un village s’est mobilisé pour sauver ce patrimoine unique au monde.

Un monument au style inclassable

Conçue au milieu du XIXe siècle par l’architecte et maire de Remouillé Jean-Pierre Garreau, la chapelle funéraire n’a pas son pareil dans la région. Véritable caprice architectural, elle puise son inspiration dans une multitude d’influences, du roman au néogothique en passant par l’orient. Son créateur, autodidacte visionnaire, a marqué le village de son empreinte avec plusieurs « folies » romantiques dont la chapelle reste le plus bel exemple.

Pourtant, le temps a fait son œuvre. Des expertises menées en 2000 et 2014 ont souligné l’urgence d’une restauration : maçonnerie désorganisée, toiture endommagée, colonnes fendues, végétation parasite… La liste est longue. Malgré quelques travaux en 2015, l’édifice continue de se dégrader inexorablement. En 2023, un arrêté de péril a dû être pris, interdisant l’accès au site.

Nous sommes arrivés à un point de non-retour. La chapelle devient dangereuse. Soit nous ne faisons rien et elle risque d’être rasée, soit nous nous retroussons les manches pour la restaurer.

Ophélie Concy Lair, adjointe municipale chargée de la culture et du patrimoine

Une mobilisation sans précédent

Face à la situation, la mairie a décidé d’agir. Un ambitieux programme de restauration, chiffré à plus de 570 000 euros, a été élaboré. Une somme colossale pour la petite commune. Pour réunir les fonds, Remouillé s’est associé à la Fondation du patrimoine et a lancé un appel aux dons avec un objectif de 40 000 euros.

Cela peut paraître peu, eu égard au coût total des travaux, mais la Fondation du patrimoine nous a assuré que cet objectif permettrait de ne pas trop intimider nos potentiels donateurs.

Louis-Marie Muel, en charge du groupe de travail dédié à l’avenir de la chapelle

En parallèle, la mairie est en quête de mécènes et d’entreprises prêtes à s’associer au projet. La collecte s’achèvera en décembre 2025, pour un début des travaux espéré en 2026. L’objectif : redonner tout son éclat à la chapelle et, à travers elle, porter un nouveau regard sur l’histoire et le patrimoine du village.

Un tremplin pour redécouvrir Jean-Pierre Garreau

Car la restauration de l’édifice n’est que la première étape d’un projet plus vaste. La commune souhaite profiter de cette aventure pour remettre en lumière la figure de Jean-Pierre Garreau, architecte et urbaniste visionnaire qui a façonné Remouillé au XIXe siècle. Né en 1803, cet autodidacte a d’abord œuvré à Nantes avant de devenir maire de son village natal, qu’il a profondément transformé.

À Remouillé, Garreau a laissé libre cours à sa créativité, multipliant les « folies » mêlant le style néo-gothique à des influences orientales. La chapelle funéraire qu’il a conçue pour abriter sa sépulture et celle de sa famille en est le plus bel exemple. D’autres édifices remarquables parsèment encore la commune, témoins d’une époque et d’un style uniques.

Nous aimerions revaloriser cette figure de l’histoire de notre territoire autour d’un projet global.

Louis-Marie Muel, groupe de travail sur la chapelle

À terme, la mairie espère nouer des partenariats avec les musées nantais pour faire connaître l’œuvre foisonnante de Jean-Pierre Garreau au-delà des limites du village. En attendant, la priorité reste de sauver la chapelle. Les dons affluent, preuve que le projet a su toucher les habitants bien au-delà de Remouillé.

Les mystères de la chapelle

Certains donateurs espèrent aussi percer les secrets de l’édifice. Car la chapelle, en plus de son architecture singulière, est auréolée de mystère. Parmi les anciens du village, une légende court depuis des décennies :

Il se raconte, parmi les enfants qui jouaient autour du monument au siècle dernier, que l’édifice renfermerait de mystérieux souterrains, peut-être liés aux Templiers.

Ophélie Concy Lair, adjointe municipale

Une rumeur qui s’appuie sur un fait établi : la présence ancienne de l’ordre du Temple à Remouillé, dont le blason de la commune arbore encore la croix. Pour autant, un lien avec la chapelle Garreau, édifiée bien après la dissolution des Templiers, semble fantasque. Qu’importe ! La perspective de percer ce mystère ne fait qu’ajouter au charme de l’édifice et à l’envie de lui offrir une seconde vie.

En attendant, les travaux de consolidation sont sur les rails. Grâce à la ténacité d’une poignée d’habitants et à la générosité de donateurs de plus en plus nombreux, ce joyau d’architecture, pépite méconnue de l’histoire de l’art, est en passe d’être sauvé. Remouillé s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire, dont Jean-Pierre Garreau serait sans doute fier. La chasse aux fantômes attendra, la résurrection de la chapelle est en marche.

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