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Nouvelle-Calédonie : Le Gouvernement Indépendantiste Renversé

Séisme politique en Nouvelle-Calédonie : le premier gouvernement indépendantiste, dirigé par Louis Mapou, vient d'être renversé. Les divisions au sein du camp indépendantiste fragilisent l'avenir institutionnel de l'archipel du Pacifique Sud. Quelles seront les conséquences de ce coup de théâtre à la veille de Noël ?

C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de secouer la Nouvelle-Calédonie. Après trois ans et demi à la tête du gouvernement local, Louis Mapou, premier dirigeant indépendantiste kanak de l’histoire de l’archipel, a été renversé à la veille de Noël. Un événement qui intervient alors même que Manuel Valls, le nouveau ministre des Outre-mer, venait tout juste de s’installer rue Oudinot. « La Nouvelle-Calédonie a besoin d’un gouvernement le plus vite possible. Il est difficile de construire l’avenir sans un gouvernement pour l’archipel », a-t-il déclaré lors de la passation de pouvoir.

La chute du 17e gouvernement collégial résulte de la démission collective des élus du parti Calédonie ensemble, affilié à Renaissance. Sur le Caillou, seule une telle démission provoque un renversement de l’exécutif dans son ensemble. D’après des sources proches du dossier, ce coup de force était en préparation depuis plusieurs semaines, le parti Calédonie ensemble étant en désaccord avec la gestion du gouvernement Mapou.

Une instabilité politique chronique

Cette crise met en lumière l’instabilité politique chronique qui règne en Nouvelle-Calédonie. L’archipel a connu pas moins de 17 gouvernements collégiaux depuis 1999, date des accords de Nouméa qui ont lancé le processus de décolonisation. Un véritable « jeu de chaises musicales » selon un observateur local, qui empêche toute politique de long terme.

La situation est d’autant plus complexe que les indépendantistes sont profondément divisés. Malgré trois référendums d’autodétermination remportés par les pro-France, ils n’arrivent pas à parler d’une seule voix ni à s’entendre sur une stratégie commune. Ces divisions internes ont contribué à fragiliser le gouvernement Mapou.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

La chute du gouvernement ouvre une période d’incertitude quant à l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. De nouvelles élections provinciales doivent en principe se tenir en 2024 pour renouveler le Congrès, l’assemblée locale. Mais beaucoup craignent que le climat politique tendu ne permette pas leur bonne tenue.

Il va falloir calmer le jeu et apaiser les esprits. La Nouvelle-Calédonie doit éviter de sombrer dans une crise plus profonde.

– Un élu local sous couvert d’anonymat

D’après des sources concordantes, le gouvernement central souhaite relancer le dialogue avec toutes les forces politiques. L’objectif est de trouver un modus vivendi sur le corps électoral et le transfert des compétences, deux dossiers ultra-sensibles. Mais la tâche s’annonce ardue tant les positions semblent inconciliables.

Des conséquences économiques redoutées

Au-delà des enjeux politiques, c’est toute l’économie calédonienne qui pourrait souffrir de cette crise. Les milieux d’affaires redoutent un climat d’instabilité prolongé qui ferait fuir les investisseurs. Le nickel, ressource clé de l’archipel, est déjà fragilisé par la chute des cours mondiaux.

  • Le tourisme, autre secteur vital, risque lui aussi de pâtir des événements.
  • Des projets d’envergure pourraient être retardés ou annulés.
  • Le taux de chômage, déjà élevé, pourrait s’aggraver.

Face à ces défis économiques, certains responsables réclament la mise en place rapide d’un plan de relance ambitieux. Mais son adoption nécessiterait un gouvernement stable, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Un avenir en pointillé

Vingt-cinq ans après les accords de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie se retrouve à la croisée des chemins. L’émancipation promise n’a pas eu lieu et le chemin vers une pleine souveraineté semble encore long et semé d’embûches. Le renversement du gouvernement Mapou illustre la difficulté à dépasser les clivages historiques.

La priorité doit être de renouer le dialogue et de reconstruire la confiance. C’est la condition sine qua non pour bâtir un avenir commun.

– Un responsable indépendantiste

Selon des analystes, plusieurs scénarios sont possibles pour les prochains mois :

  • La formation d’un gouvernement d’union pour gérer les affaires courantes jusqu’aux élections.
  • Une dissolution du Congrès et des élections anticipées, avec le risque de cristalliser les oppositions.
  • Une reprise du dialogue sous l’égide de l’État pour tenter de trouver un compromis politique.

Une chose est sûre : la France sera très attendue sur sa capacité à jouer un rôle d’arbitre impartial. Emmanuel Macron avait promis un « accompagnement » des Calédoniens après le troisième référendum. Cette crise va mettre à l’épreuve sa volonté – et celle de son nouveau ministre de l’Outre-mer – d’aider l’archipel à surmonter ses vieux démons.

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