Dix jours après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l’archipel français de Mayotte, les plaies restent vives dans le bidonville de Vahibé. Ici, entre 8000 et 10000 personnes tentent de se remettre debout, dans l’indifférence générale. « Depuis le cyclone, aucun médecin, aucun politicien, aucun responsable n’est venu chez nous. On nous a oubliés », se désole Fazdati, 22 ans. Pourtant, les blessés sont nombreux et les besoins immenses dans ce quartier informel ravagé.
C’est pour venir en aide à cette population livrée à elle-même que Médecins Sans Frontières (MSF) a installé mardi une clinique mobile au cœur du bidonville. Objectif : apporter des soins aux habitants qui n’osent pas se rendre dans les zones urbaines par peur d’être arrêtés. Au milieu des bangas de fortune faites de tôle et de bois, une vingtaine de personnes attendent d’être auscultées.
Des blessures à vif et des conditions de vie précaires
Sous l’œil des soignants de MSF, Abou, 18 ans, dévoile l’entaille profonde qui barre son mollet gauche, souvenir cuisant de la plaque de tôle qui l’a frappé en plein cyclone. Un peu plus loin, un homme tient son fils de 3 ans blessé au pied, tandis qu’un ado à la jambe écorchée reçoit des antibiotiques pour éviter l’infection. Les consultations s’enchaînent pour panser les « petits bobos » des enfants qui aident à reconstruire les maisons soufflées.
Mais au-delà des blessures, c’est tout un mode de vie précaire que le cyclone a balayé. « C’est difficile depuis, car nous n’avons pas d’eau potable et peu de choses à manger », confie Fazdati. Quant à Hamida, 28 ans, elle peine à trouver le sommeil : « Avec le vent, les matelas se sont envolés. » Dans ce quartier en lambeaux, chaque coup de marteau résonne comme un défi pour se remettre debout.
L’isolement, l’autre fléau des bidonvilles
Si les dégâts matériels sont colossaux, l’isolement est l’autre plaie à panser pour ces habitants en situation irrégulière, qui représentent plus d’un tiers de la population de Mayotte selon les autorités. « La difficulté pour eux, qu’il s’agisse de distribution d’eau, de nourriture ou de santé, c’est de se rendre dans les zones urbanisées. Ils craignent une arrestation par la police aux frontières », explique Yann Santin, coordinateur de MSF.
Alors l’ONG va à leur rencontre, avec sa clinique itinérante. Le Dr Mehdi El Melali y soigne surtout « les plaies non prises en charge qui datent du cyclone ou de la reconstruction, et les pathologies chroniques comme l’asthme et le diabète ». Des traitements rendus encore plus inaccessibles par la catastrophe.
Un hôpital de campagne pour combler les manques
Pour répondre à l’urgence, MSF a aussi monté un hôpital de campagne équipé d’une maternité et de deux blocs opératoires. De quoi recevoir 100 personnes par jour en consultation et assurer 30 hospitalisations. Dès mardi matin, une longue file se pressait à l’entrée, certains patients étant arrivés dès 6h. Comme Jafar, 54 ans, qui a du mal à marcher et à s’asseoir depuis sa chute pendant le cyclone.
Là encore, l’idée est d’accueillir ceux qui « n’oseraient pas aller consulter ailleurs ». Un nom suffit pour le suivi, pas besoin de papiers précise le personnel sur place. Une main tendue cruciale vers ces oubliés du cyclone, pour qui se soigner relève déjà du parcours du combattant en temps normal.
Alors que Mayotte peine à se relever du cyclone le plus dévastateur depuis 1990, ces initiatives solidaires redonnent un peu d’espoir aux laissés-pour-compte des bidonvilles. Pour panser les corps et aussi un peu les cœurs, dans l’attente d’une reconstruction qui s’annonce longue et semée d’embûches. Une éclaircie précieuse, dans un ciel encore bien sombre.
Pour répondre à l’urgence, MSF a aussi monté un hôpital de campagne équipé d’une maternité et de deux blocs opératoires. De quoi recevoir 100 personnes par jour en consultation et assurer 30 hospitalisations. Dès mardi matin, une longue file se pressait à l’entrée, certains patients étant arrivés dès 6h. Comme Jafar, 54 ans, qui a du mal à marcher et à s’asseoir depuis sa chute pendant le cyclone.
Là encore, l’idée est d’accueillir ceux qui « n’oseraient pas aller consulter ailleurs ». Un nom suffit pour le suivi, pas besoin de papiers précise le personnel sur place. Une main tendue cruciale vers ces oubliés du cyclone, pour qui se soigner relève déjà du parcours du combattant en temps normal.
Alors que Mayotte peine à se relever du cyclone le plus dévastateur depuis 1990, ces initiatives solidaires redonnent un peu d’espoir aux laissés-pour-compte des bidonvilles. Pour panser les corps et aussi un peu les cœurs, dans l’attente d’une reconstruction qui s’annonce longue et semée d’embûches. Une éclaircie précieuse, dans un ciel encore bien sombre.