Au cœur de la Palestine, dans la ville de Naplouse, se perpétue depuis des siècles un art unique : la fabrication du savon à l’huile d’olive. Ce savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération, vient d’être reconnu par l’Unesco et inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une consécration pour cet artisanat traditionnel qui fait la fierté des Palestiniens.
Un savoir-faire millénaire préservé
Le savon de Naplouse, appelé aussi « savon vert », est fabriqué selon des techniques inchangées depuis le Moyen-Âge. Sa recette se compose de trois ingrédients : de l’huile d’olive, de l’eau et de la soude. Un procédé en apparence simple, mais qui requiert un savoir-faire d’exception transmis de mères en filles, d’artisans en apprentis.
Comme le raconte Oum Al-Abed, une habitante du village de Salem initiée par une parente : « Il y a longtemps, environ 20 ou 30 ans, elle est venue ici et a fabriqué du savon. Lorsqu’elle faisait cuire l’huile, j’ai observé comment elle le faisait, j’ai appris le processus et j’ai commencé à fabriquer du savon moi-même. »
La plupart des familles en Palestine partagent la tradition de la fabrication du savon de Naplouse.
Unesco
Selon l’Unesco, hommes et femmes participent à toutes les étapes du processus de production et les enfants aident leurs parents à couper et à emballer le savon. Un véritable patrimoine familial et culturel.
Les secrets de fabrication
Dans les petits ateliers de Cisjordanie et de Gaza, le processus de fabrication reste artisanal. Les ingrédients sont mélangés à la main dans de grands bacs. La pâte de savon est ensuite cuite pendant plusieurs jours avant d’être versée dans des moules où elle sèchera pendant des semaines.
À Naplouse, la fabrique Touqan, fondée en 1872, perpétue cet art avec passion. Comme l’explique son directeur Naël Qoubbaj : « Pendant la cuisson, un artisan trace manuellement des lignes pour obtenir des cubes de savon qui sont ensuite empilés en tours de plusieurs mètres de haut. » Un travail minutieux réalisé entièrement à la main.
Une reconnaissance internationale importante
Pour les Palestiniens, l’inscription du savon de Naplouse au patrimoine de l’Unesco est une immense fierté et un gage de préservation. Dans un contexte de tensions, c’est un moyens de faire rayonner leur culture et leur identité.
Cette reconnaissance est d’autant plus importante que l’occupation israélienne, en cours depuis 1967, s’efforce de détruire nos industries traditionnelles.
Naël Qoubbaj, directeur de la fabrique Touqan
Le savon de Naplouse rejoint ainsi d’autres traditions palestiniennes classées par l’Unesco comme la hikaye (art du conte), la dabkeh (danse populaire) ou encore la broderie, formant un riche patrimoine à sauvegarder et à célébrer.
Un patrimoine vivant à préserver
Au-delà de la Palestine, l’inscription du savon de Naplouse interpelle sur l’importance de préserver les savoir-faire artisanaux face à l’industrialisation et la mondialisation. Ces techniques ancestrales sont un témoin unique de la créativité humaine et du lien intime entre l’homme et son environnement.
Acheter un savon de Naplouse, c’est ainsi soutenir toute une filière, de la culture des oliviers par les paysans palestiniens jusqu’au travail des maîtres-savonniers. C’est aussi offrir une seconde vie à ce patrimoine millénaire, pour qu’il continue d’émerveiller et d’inspirer les générations futures.
Alors, la prochaine fois que vous choisirez votre savon, pensez à ceux de Naplouse. Plus qu’un simple produit, c’est un concentré d’histoire, de traditions et d’humanité. Un héritage inestimable à chérir et à partager.