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Succès Mondial des Adaptations d’Œuvres Japonaises

Les adaptations étrangères de mangas et séries japonaises explosent à l'international. Le Japon s'organise pour répondre à la demande, alimentée par des succès comme "Shogun". Découvrez comment la culture nippone...

Mangas, séries télé, romans… Les adaptations étrangères d’œuvres japonaises connaissent un succès colossal à l’international ces dernières années. Longtemps critiquées pour leur manque de fidélité, elles vivent aujourd’hui un véritable âge d’or. Face à cet engouement sans précédent, les créateurs nippons s’organisent pour répondre à la demande croissante émanant des producteurs occidentaux, portée par des triomphes comme celui de la série « Shogun ». Plongée dans ce phénomène culturel planétaire.

Les mangas stars crèvent l’écran

L’adaptation au cinéma et à la télévision des mangas les plus populaires cartonne dans le monde entier. L’an passé, la transposition du mastodonte « One Piece », dont les ventes dépassent les 500 millions d’exemplaires, a été encensée par le public comme par la critique, avec un acteur mexicain dans le rôle-titre. Et ce n’est que le début ! De nombreuses autres adaptations de mangas phares sont en préparation, comme « Naruto » sur les aventures d’un jeune ninja, ou « My Hero Academia » qui suit une école de super-héros en herbe.

Dans l’Hexagone aussi, les projets fleurissent. La série tirée du manga sur le vin « Les Gouttes de Dieu » a décroché fin novembre le prix de la Meilleure série dramatique aux International Emmy Awards. TF1 a quant à elle diffusé une relecture du titre « Cat’s Eyes » de Tsukasa Hojo, le père de « City Hunter ». Cet intérêt pour la bande dessinée venue du pays du Soleil-Levant ne date pas d’hier, mais il s’intensifie clairement.

Une demande exponentielle de l’Occident

« La demande depuis les marchés occidentaux est clairement en augmentation » pour les œuvres japonaises, popularisées notamment grâce aux plateformes de streaming, confirme Kaori Ikeda, directrice du Tiffcom, le marché des contenus audiovisuels organisé en marge du Festival international du film de Tokyo. Pour faciliter la rencontre entre l’offre et cette forte demande, et conscient que « le Japon manque encore de savoir-faire » dans la négociation des droits, le Tiffcom a mis en place depuis 2022 le dispositif « Story Market », auquel participaient cette année six grandes maisons d’édition japonaises.

Une attention particulière à la fidélité

Dans le passé, de nombreux producteurs étrangers ont achoppé sur des adaptations, à l’image de la version hollywoodienne de « Ghost in the Shell » avec Scarlett Johansson en 2017, accusée de « whitewashing » (choix d’acteurs blancs pour des rôles de personnages japonais en l’occurrence). La transposition de « Death Note » avait aussi été fraîchement accueillie, jugée trop éloignée du matériau d’origine.

Les auteurs de mangas sont très respectés et les communautés de fans très vigilantes.

Klaus Zimmermann, producteur de la série « Les Gouttes de Dieu »

Cette dernière s’autorise certes des libertés, comme l’ajout d’une protagoniste française, mais elle a été élaborée main dans la main avec les créateurs du manga, souligne le producteur. « Il s’agissait de trouver l’esprit du manga pour ne pas le dénaturer. » Une démarche saluée par Yuki Takamatsu de Kodansha, l’éditeur de l’œuvre : « À chaque étape de la production, il y avait une grande compréhension. » Pour lui, les ratés antérieurs s’expliquent entre autres par une connaissance des mangas et animés moins fine qu’aujourd’hui.

Au-delà des hits, des contenus variés

Si auparavant, seules quelques méga-franchises comme « Dragon Ball » aiguisaient l’appétit des géants du divertissement, le vent a tourné. « Aujourd’hui, surtout depuis le Covid, les producteurs regardent des animés avec leurs enfants » et « cherchent des contenus de plus en plus diversifiés. » analyse M. Takamatsu. Les chaînes de télévision japonaises, historiquement focalisées sur leur marché domestique, surfent aussi sur cette vague et s’ouvrent davantage à l’international, notamment lors d’événements comme le Mipcom à Cannes.

Un intérêt au-delà des frontières culturelles

Outre l’exportation de concepts d’émissions, comme « Vidéo Gag » décliné dans plus de 100 pays, certaines fictions « made in Japan » percent à l’étranger sans même être adaptées. C’est le cas de « Mother » de la chaîne Nippon TV qui évoque parentalité et maltraitance, diffusée dans une cinquantaine de pays dont la France. Masaru Akiyama de la BEAJ y voit la preuve que les spectateurs occidentaux ont dépassé leurs réticences initiales envers les acteurs asiatiques : « ils s’en fichent maintenant. Ce qui les intéresse, ce sont les histoires. »

« Shogun », le game changer

La série historique « Shogun », triomphe de la dernière cérémonie des Emmy Awards avec 18 statuettes, illustre parfaitement l’engouement actuel. Cette fresque du Japon féodal du XVIIe siècle, tirée d’un roman de James Clavell mais portée par une équipe 100% nippone, a « changé la donne » en braquant les projecteurs sur l’archipel, juge M. Akiyama. Un « coup de boost » pour les créateurs japonais qui réalisent qu’un tel succès est à leur portée, abonde Ken Muratsu du Tiffcom. Et la preuve ultime, selon Kaori Ikeda, qu’un « récit de samouraïs avec une telle attention aux détails historiques peut devenir un divertissement grand public ».

Culture fascinante et universelle, savoir-faire technique, sens du récit… Les atouts du Japon sont nombreux pour s’imposer durablement comme une superpuissance de l’entertainment. Nul doute que d’autres pépites venues de l’empire du Soleil-Levant feront très bientôt vibrer la planète. À l’heure de la mondialisation, les frontières culturelles n’ont jamais semblé aussi poreuses, pour le plus grand bonheur des amateurs d’un dépaysement de qualité. Alors, prêts à faire le grand saut dans l’imaginaire nippon ?

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