C’est un coup de théâtre qui secoue Washington. Le Global Engagement Center (GEC), unique agence américaine dédiée à traquer et contrer la désinformation étrangère, vient de fermer ses portes après 8 ans d’une existence mouvementée. Une disparition brutale qui soulève de nombreuses questions sur les coulisses de la lutte informationnelle.
120 personnes sur le carreau, 61 millions envolés
Coup de massue pour les quelque 120 employés du GEC : le Congrès a coupé les vivres à cette agence dotée d’un budget conséquent de 61 millions de dollars. Le couperet est tombé lors du vote in extremis du budget fédéral la semaine dernière, évitant de justesse la paralysie de l’État. L’amendement qui aurait permis de prolonger le financement du GEC a tout simplement été abandonné dans la version finale du texte…
Un organisme dans le viseur des Républicains et d’Elon Musk
Depuis sa création en 2016, le GEC était la bête noire de nombreux élus républicains qui l’accusaient ni plus ni moins de censure et de surveillance des citoyens américains. Une hostilité qui s’est cristallisée l’an dernier lorsque le sulfureux Elon Musk, devenu depuis le principal soutien de Donald Trump, a déclaré que le GEC représentait « une menace pour la démocratie américaine ».
Le GEC est le pire agent de censure gouvernementale et d’instrumentalisation des médias.
Elon Musk, homme d’affaires controversé
Des accusations balayées par les dirigeants du GEC qui ont toujours défendu le caractère crucial de leur mission pour contrer les ingérences étrangères sur le sol américain, notamment de la part de la Chine et de la Russie, les deux grandes rivales des États-Unis sur la scène internationale.
De la désinformation russe sur la guerre en Ukraine à la Chine
Très récemment encore, en juin dernier, le patron du GEC James Rubin annonçait le lancement d’un organisme multinational basé en Pologne et dédié à contrer la désinformation russe autour du conflit ukrainien. L’an passé, l’agence tirait aussi la sonnette d’alarme concernant les milliards dépensés par la Chine pour disséminer de la désinformation et museler la liberté d’expression au niveau mondial.
Une disparition qui soulève des inquiétudes
Pour de nombreux experts, la disparition du GEC crée un vide préoccupant dans la capacité des États-Unis à faire face aux menaces informationnelles. Avec la montée des tensions géopolitiques et l’intensification de la guerre de l’information, beaucoup craignent que Washington ne se retrouve démuni face aux campagnes de désinformation orchestrées par des puissances étrangères.
D’autant que les interférences dans les processus électoraux, comme celles de la Russie dans la présidentielle de 2016, restent une préoccupation majeure. Sans organisme dédié, les États-Unis pourraient se retrouver plus vulnérables à ce type d’actions subversives venant saper leur démocratie.
Quel avenir pour la lutte contre la désinformation ?
La fermeture du GEC soulève donc de nombreuses interrogations sur l’avenir de la lutte contre la désinformation menée par les États-Unis. Reste à voir si le département d’État parviendra à mettre en place une stratégie alternative pour pallier cette perte capacitaire et continuer à défendre les intérêts américains dans la guerre de l’information qui fait rage.
Une chose est sûre : les rivalités avec la Chine et la Russie, attisées par la rhétorique agressive de l’administration Biden, ne sont pas prêtes de s’apaiser. Et dans ce climat de tensions exacerbées, la désinformation risque de continuer à être une arme de choix. Washington devra donc rapidement trouver une parade, sous peine de se retrouver sérieusement déstabilisé sur le front informationnel.