Les tensions au Moyen-Orient s’intensifient à nouveau alors que l’Iran a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « crime odieux » de la part d’Israël. Cette condamnation fait suite à la reconnaissance lundi par l’État hébreu de sa responsabilité dans l’assassinat fin juillet à Téhéran d’Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU et publiée sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur iranien Amir Saeid Iravani a déclaré : « Avec cet aveu éhonté, le régime israélien admet ouvertement pour la première fois sa responsabilité dans ce crime odieux ». Il s’agit là d’un nouveau pic de tensions dans une région déjà marquée par un conflit meurtrier.
Une guerre sanglante à Gaza
En effet, depuis octobre 2023, une guerre oppose le Hamas et l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Le conflit a éclaté suite à une attaque sans précédent menée par le mouvement palestinien dans le sud d’Israël, causant la mort d’au moins 1208 personnes, en majorité des civils selon un décompte établi par l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, la campagne militaire israélienne a fait plus de 45 000 victimes côté palestinien, là encore principalement parmi les populations civiles d’après le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Une situation humanitaire catastrophique qui ne cesse de s’aggraver.
Escalade meurtrière
La mort du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, ainsi que celle quelques mois plus tard de son successeur Yahya Sinouar, considéré comme le cerveau de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël, ont marqué une escalade dangereuse dans ce conflit. En réaction, l’Iran, soutien du Hamas, avait lancé une salve de 200 missiles sur le territoire israélien le 1er octobre.
Téhéran avait déjà imputé l’assassinat de Haniyeh à Israël, sans réaction officielle de ce dernier jusqu’à l’aveu de lundi par le ministre israélien de la Défense. Un aveu tardif lourd de conséquences. « Le régime terroriste d’Israël reste la plus sérieuse menace à la paix et à la sécurité régionales et internationales », a martelé l’ambassadeur iranien à l’ONU.
L’Iran promet de riposter
Pour l’Iran, cet aveu israélien légitime sa riposte militaire du 1er octobre. Mais Téhéran ne compte pas en rester là. Selon une source proche du dossier, la République islamique envisagerait de nouvelles frappes en représailles à ce qu’elle considère comme « une provocation inacceptable et un acte de guerre caractérisé ».
De son côté, Israël maintient la pression, menaçant de poursuivre ses opérations contre les leaders des mouvements palestiniens considérés comme terroristes. Le Hamas a promis de venger ses dirigeants tombés « en martyrs ». Dans ce contexte, le risque d’une nouvelle escalade apparaît élevé, avec en toile de fond la crainte d’un embrasement régional.
Appels au calme
Face à ces développements inquiétants, la communauté internationale multiplie les appels au calme et à la retenue. Le secrétaire général de l’ONU a exhorté « toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute provocation afin d’éviter une nouvelle escalade ». Un message relayé par plusieurs chancelleries occidentales.
Mais sur le terrain, la situation reste explosive. D’après des analystes régionaux, le risque de dérapage incontrôlé n’a jamais été aussi élevé ces dernières années. Entre un Iran déterminé à venger ses alliés, un Israël refusant tout compromis avec ceux qu’il considère comme des organisations terroristes, et des groupes palestiniens plus radicalisés que jamais, les ingrédients semblent réunis pour une confrontation de grande ampleur.
Un lourd bilan humain
Au cœur de ce tourbillon géopolitique, ce sont comme souvent les populations civiles qui paient le plus lourd tribut. Coincés entre les tirs de roquettes du Hamas et les frappes de l’aviation israélienne, les Gazaouis vivent un véritable enfer depuis près d’un an. Sans perspective de trêve durable, ils craignent chaque jour pour leur vie et celle de leurs proches.
Côté israélien aussi, l’inquiétude est palpable. Si les pertes humaines sont sans commune mesure avec celles subies par les Palestiniens, les attaques du Hamas ont profondément traumatisé l’opinion, ravivant le spectre d’une menace existentielle aux portes de l’État hébreu. Une anxiété encore renforcée par la perspective d’une confrontation avec l’Iran.
Impasse diplomatique
Malgré les efforts diplomatiques, aucune issue ne semble en vue. Les initiatives de médiation, qu’elles viennent de l’ONU, des acteurs régionaux comme l’Égypte ou le Qatar, ou encore des puissances occidentales, se heurtent au mur d’une hostilité réciproque apparemment indépassable.
Pour de nombreux observateurs, seul un changement de paradigme pourrait inverser la spirale de la violence. Mais celui-ci semble aujourd’hui hors de portée, tant les positions se sont crispées de part et d’autre. Dans l’immédiat, c’est donc la logique guerrière qui semble vouée à prévaloir, avec son cortège prévisible de souffrances et de désolations.
L’aveu par Israël de l’assassinat d’un leader du Hamas marque ainsi une étape supplémentaire dans une escalade qui semble hors de contrôle. Dans ce face-à-face de plus en plus tendu entre l’État hébreu, les mouvements palestiniens et leur parrain iranien, c’est toute la région qui retient son souffle. Avec une question en toile de fond : jusqu’où ira cette dangereuse partie de poker menteur?