Les tensions entre l’Iran et Israël ont franchi un nouveau palier après la reconnaissance lundi par l’État hébreu de sa responsabilité dans l’assassinat en juillet dernier d’Ismaïl Haniyeh, un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas, dans la capitale iranienne Téhéran. Une confession qualifiée d' »aveu éhonté » et de « crime odieux » par les autorités iraniennes.
Un dirigeant du Hamas ciblé en plein cœur de Téhéran
Ismaïl Haniyeh, 58 ans, occupait des responsabilités de premier plan au sein du bureau politique du Hamas, le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza. Il avait trouvé refuge en Iran ces dernières années. Selon des sources proches du dossier, il aurait été victime d’une opération ciblée des services secrets israéliens le 7 juillet dans le centre de Téhéran.
Sa mort avait initialement été attribuée à une crise cardiaque par les médias iraniens. Mais lundi, lors d’une conférence à Tel-Aviv, le ministre israélien des Renseignements Gaby Ashkenazi a créé la stupeur en déclarant : « Haniyeh a été éliminé par les forces spéciales israéliennes il y a plusieurs mois en Iran, là où il pensait être en sécurité et protégé ». Une révélation fracassante sur une affaire qui était restée jusque-là entourée de mystère.
L’Iran dénonce un « terrorisme d’État » et promet des représailles
La réaction de Téhéran ne s’est pas fait attendre. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations Unies et publiée mardi, l’ambassadeur iranien à l’ONU Amir Saeid Iravani a vivement condamné cet « aveu éhonté » d’Israël, y voyant la reconnaissance de sa responsabilité dans « un crime odieux ». Il a accusé l’État hébreu de pratiquer un « terrorisme d’État » en s’en prenant à des responsables palestiniens en Iran.
Ce crime ne restera pas sans réponse. Le régime sioniste devra en payer le prix.
Amir Saeid Iravani, ambassadeur iranien à l’ONU
Le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes a pour sa part évoqué « une escalade dangereuse » et mis en garde contre toute nouvelle « aventure » d’Israël qui « ferait face à une réponse dévastatrice ». Les menaces de représailles alimentent les craintes d’un regain des tensions entre les deux ennemis.
L’axe Hamas-Iran dans le viseur d’Israël
Pour les experts, cette opération illustre la détermination d’Israël à s’en prendre aux mouvements islamistes soutenus par Téhéran, y compris en agissant directement sur le sol iranien. Le Hamas, qui prône la destruction de l’État hébreu et contrôle la bande de Gaza depuis 2007, est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Avec l’élimination d’Ismaïl Haniyeh, un proche du Guide suprême iranien Ali Khamenei, « Israël a voulu envoyer un message fort sur sa capacité à frapper au cœur du dispositif anti-israélien mis en place par l’Iran », estime un spécialiste de la région. Téhéran est le principal soutien du Hamas, lui fournissant entraînement, financement et armement.
Le spectre d’une escalade régionale
Cette frappe audacieuse intervient dans un contexte de fortes tensions au Moyen-Orient. Israël multiplie depuis des mois les raids contre les intérêts iraniens en Syrie. En réponse, Téhéran a intensifié son soutien aux mouvements hostiles à l’État hébreu, comme le Hamas et le Hezbollah libanais.
Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a prévenu mardi que son pays « continuerait d’agir par tous les moyens contre ceux qui cherchent à lui nuire ». Une posture offensive assumée qui fait craindre une dangereuse escalade. D’autant que les négociations sur le nucléaire iranien sont dans l’impasse, les tensions restent vives à Gaza et au Sud-Liban, et qu’une éventuelle normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël pourrait chambouler l’échiquier régional.
En reconnaissant sa responsabilité dans ce meurtre ciblé, Israël envoie un nouveau signal à l’Iran sur sa détermination à le contrer. Reste à savoir quelles seront les conséquences de cet aveu. Va-t-il entraîner une riposte directe de Téhéran ou de ses alliés ? À moins qu’il ne pousse paradoxalement les différentes parties à temporiser pour éviter une confrontation ouverte. Une chose est sûre : l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh restera comme un nouveau point d’orgue dans l’implacable « guerre de l’ombre » que se livrent l’Iran et Israël. Une guerre qui n’en finit pas de faire régner un climat de haute tension au Moyen-Orient.