En cette période pré-électorale au Kosovo, les relations déjà tendues avec la Serbie semblent s’envenimer davantage. Mardi, le Premier ministre kosovar Albin Kurti a violemment critiqué la Liste serbe, principal parti politique de la minorité serbe du Kosovo, l’accusant d’être totalement inféodé à Belgrade et de s’ingérer dans les affaires intérieures kosovares.
La candidature de la Liste serbe en suspens
Cette sortie survient alors que la candidature de la Liste serbe aux prochaines élections législatives du 9 février est en cours de réexamen, suite à son rejet lundi par la Commission électorale du Kosovo (CEC). Lors des discussions précédant le vote, un membre de la CEC, Sami Kurteshi, a expliqué ne pas pouvoir soutenir la candidature d’«un parti qui ouvertement ne reconnaît pas l’Etat du Kosovo».
Il faut rappeler que la Serbie ne reconnaît toujours pas l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province à majorité albanaise. Sur les 120 sièges du parlement kosovar, 10 sont réservés à la communauté serbe et tous sont actuellement détenus par la Liste serbe.
Vives réactions de Belgrade et de la communauté internationale
Sans surprise, le rejet de la candidature du parti serbe a provoqué l’ire de Belgrade. Le président serbe Aleksandar Vucic en a fait part lundi soir au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’un entretien téléphonique. Les États-Unis, alliés du Kosovo, ont également critiqué cette décision par le biais de leur ambassade à Pristina, tout comme l’Union européenne.
Accusations contre un ancien cadre de la Liste serbe
Albin Kurti a par ailleurs accusé la Serbie de continuer à protéger Milan Radoicic, un ancien vice-président de la Liste serbe recherché par la justice kosovare. Celle-ci le soupçonne d’avoir orchestré en septembre dernier une attaque contre des policiers kosovars près d’un monastère dans le nord du pays, qui a coûté la vie à l’un d’eux. Bien qu’ayant démissionné de ses fonctions au sein du parti après l’incident, M. Radoicic resterait, selon le Premier ministre kosovar, le véritable chef de la Liste serbe.
De mon point de vue, la Liste serbe n’est pas l’expression de l’organisation politique des Serbes du Kosovo, mais plutôt celle du diktat de Belgrade.
Albin Kurti, Premier ministre du Kosovo
Ces nouvelles tensions interviennent dans un contexte déjà compliqué entre le Kosovo et la Serbie. Malgré des efforts de dialogue sous l’égide de l’Union européenne, de nombreux points de friction subsistent, notamment concernant le statut des municipalités serbes du nord du Kosovo. La non-reconnaissance par Belgrade de l’indépendance de Pristina et son soutien actif à la communauté serbe du Kosovo restent des obstacles majeurs à une normalisation durable des relations.
Un scrutin sous haute tension
Dans ce climat, les élections législatives du 9 février s’annoncent particulièrement tendues. Si le rejet de la Liste serbe venait à être confirmé, cela priverait la minorité serbe de représentation parlementaire et risquerait d’aggraver les divisions communautaires. Une telle décision serait également très mal perçue par Belgrade qui y verrait une nouvelle provocation.
La communauté internationale, Union européenne et États-Unis en tête, suit de près l’évolution de la situation. Ils appellent les deux parties à la retenue et au dialogue, craignant qu’une escalade ne déstabilise durablement la région. Mais dans ce face-à-face entre Pristina et Belgrade, chacun campe pour l’instant sur ses positions, rendant incertaines les perspectives d’apaisement à court terme. Les semaines à venir seront décisives pour l’avenir des relations entre le Kosovo et la Serbie, mais aussi pour la stabilité des Balkans occidentaux.