Alors que Mayotte peine à se relever des ravages causés par le cyclone Chido, le plus dévastateur depuis 90 ans, une polémique enfle autour du départ précipité de nombreux fonctionnaires métropolitains. Face à l’indignation de la population locale, certains évacués tentent de justifier leur choix, révélant des tensions communautaires latentes sur fond d’urgence humanitaire.
Un départ mal vécu par les Mahorais
Avec 39 morts et près de 2500 blessés selon un bilan provisoire, le passage du cyclone Chido a laissé Mayotte exsangue. Dans ce contexte dramatique, la décision de nombreux fonctionnaires venus de métropole de quitter le territoire pour se réfugier à La Réunion passe très mal auprès des habitants.
Que les fonctionnaires restent à Mayotte, où l’on n’a jamais eu autant besoin d’eux !
Zena Abdiladi Halidani, cadre hospitalière
Sur les réseaux sociaux, une vidéo devenue virale montre une Mahoraise s’insurger contre ces départs, suggérant même une différence de traitement en raison de la couleur de peau.
Le désarroi des évacués
Face aux critiques, les fonctionnaires évacués tentent de justifier leur départ par l’ampleur des dégâts subis. Sophie, agente d’une collectivité, confie avoir «tout perdu» et vivre difficilement les reproches.
Je laisse un gros poids derrière moi. Avec le cyclone, j’ai tout perdu. Mon boulot, c’est tout ce qui me reste.
Sophie, agente d’une collectivité de Mayotte
Enseignante sur l’île depuis 9 ans, Delphine Petit explique avoir d’abord voulu rester malgré les conditions dégradées. Mais la santé fragile de son nourrisson et l’absence d’aide humanitaire l’ont finalement poussée à partir, non sans culpabilité.
Une rentrée scolaire menacée
Avec le départ de nombreux enseignants et les dégâts subis par les établissements scolaires, la tenue prochaine de la rentrée apparaît compromise. Une priorité pour le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls, qui a réaffirmé l’engagement de l’État.
Mayotte c’est l’urgence, c’est notre priorité.
Manuel Valls, ministre des Outre-mer
Un retour promis malgré les tensions
Si la plupart des fonctionnaires évacués assurent vouloir revenir pour contribuer à la reconstruction de Mayotte, le climat de défiance semble durablement installé. Des efforts de dialogue apparaissent nécessaires pour apaiser les tensions et reconstruire la cohésion sur une île meurtrie.
J’entends des gens dire : vous fuyez, vous n’êtes là que pour l’argent. Mais moi j’ai investi ici. J’y ai acheté un appartement. Et je vais revenir.
Sophie, agente d’une collectivité de Mayotte
Au-delà de la polémique, l’urgence reste à la reconstruction et à l’organisation de l’aide aux sinistrés. Un défi immense pour ce territoire français de l’océan Indien, qui devra aussi réussir le pari du vivre-ensemble après cette tragédie.