Le Mozambique est en proie à une vague de violence sans précédent depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier. En à peine 24 heures, pas moins de 21 personnes ont perdu la vie dans des affrontements, dont 2 policiers, plongeant le pays dans le chaos.
Une présidentielle sous haute tension
Malgré les irrégularités soulevées par de nombreux observateurs lors du scrutin, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi la victoire du candidat du Frelimo, Daniel Chapo, avec 65,17% des voix. L’opposition, qui dénonce des fraudes massives, exige une « justice électorale » et appelle à manifester contre ces résultats qu’elle juge truqués.
Selon des sources proches du dossier, deux mois de manifestations, de grèves et de blocages avaient déjà coûté la vie à au moins 130 personnes, pour la plupart des manifestants tués par balles. Le pays, déjà fragilisé, s’enfonce un peu plus dans l’instabilité.
Attaques ciblées et évasion de prison massive
Le ministre de l’Intérieur Pascoal Ronda a dressé un bilan alarmant lors d’une conférence de presse ce mardi soir. Outre les 21 morts, dont 2 membres des forces de l’ordre, il a fait état de :
- 236 « actes de violences graves » recensés dans tout le pays
- 25 blessés, dont 13 policiers
- 25 véhicules incendiés, dont 2 de police
- 11 commissariats attaqués
- 1 prison prise d’assaut, 86 détenus en fuite
- 4 postes de péage routier ciblés
D’après des témoignages recueillis sur place, des groupes d’hommes armés de machettes et d’armes à feu auraient mené ces attaques contre des infrastructures de l’État. Au total, 70 personnes ont été interpellées.
Les hôpitaux et sièges du parti au pouvoir visés
La colère des opposants ne s’est pas limitée aux bâtiments des forces de sécurité. Selon le ministre Ronda, 3 hôpitaux et 10 sièges locaux du Frelimo, le parti du président Chapo, ont aussi été pris pour cible dans ce déchaînement de violences.
Nous assistons à une tentative de déstabilisation du pays et de ses institutions démocratiques par une frange de l’opposition qui refuse le verdict des urnes.
Un porte-parole du gouvernement
Pour les autorités, il ne fait aucun doute que ces attaques sont politiquement motivées et visent à plonger le Mozambique dans le chaos. Reste à savoir si l’opposition parviendra à faire entendre ses revendications par d’autres moyens que la violence.
Un pays en quête de stabilité
Ces violences post-électorales viennent s’ajouter à une longue liste de défis auxquels le Mozambique est confronté. Classé parmi les pays les plus pauvres de la planète, il peine à se relever de décennies de guerre civile.
Malgré des progrès notables ces dernières années, notamment grâce à l’exploitation de ses immenses réserves de gaz naturel, le spectre de l’instabilité continue de planer sur le pays. La contestation des résultats électoraux fait resurgir de vieilles fractures.
Nous avons besoin d’unité et de dialogue pour avancer, pas de violence. J’en appelle au calme et à la retenue de toutes les parties.
Un responsable religieux local
Alors que le décompte macabre se poursuit, c’est tout un pays qui retient son souffle. Le Mozambique, éprouvé par son histoire, a plus que jamais besoin de stabilité et de perspectives d’avenir pour sa jeunesse. Mais les démons du passé semblent le rattraper à chaque tournant décisif.
La communauté internationale en alerte
Face à cette situation explosive, la communauté internationale commence à s’inquiéter. Plusieurs chancelleries occidentales ont appelé au calme et condamné le recours à la violence, d’où qu’elle vienne.
L’Union Africaine et les Nations Unies, qui avaient dépêché des observateurs lors du scrutin d’octobre, se sont dites préoccupées par cette nouvelle éruption de violences. Elles pourraient être amenées à jouer un rôle de médiation dans les prochains jours.
Tous les acteurs politiques doivent faire preuve de responsabilité et œuvrer dans le sens de l’apaisement. Les voies de recours légales doivent être privilégiées.
Un diplomate onusien
Pour l’heure, le gouvernement mozambicain semble déterminé à rétablir son autorité par la force si nécessaire. Mais sans dialogue avec une opposition qui se sent spoliée, le risque est grand de voir le pays s’enfoncer dans une spirale de représailles.
Ces violences post-électorales rappellent tragiquement que la démocratie reste un combat de tous les instants. Pour le Mozambique, l’enjeu est à présent de sortir de l’ornière et de renouer le fil du dialogue, sous peine de voir ses espoirs de développement partir en fumée.